Syndrome de Mort Subite et Vaccination
Introduction
Données de la littérature
Données des institutions
D’un point de vue de la terminologie, il convient de distinguer : (cf lexique)
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La Mort Inattendue du Nourrisson (MIN) ou Sudden unexpected infant death en Anglais (SUDI ou SUID). Il s’agit de tout décès survenu brutalement chez un nourrisson que rien, dans ses antécédents, ne laissait prévoir. Elle regroupe plusieurs situations de décès, dont les morts inattendues et inexpliquées à l'autopsie (c’est-à-dire la mort subite du nourrisson).
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Le syndrome de Mort Subite du Nourrisson (MSN / SMSN) ou Sudden Infant Death Syndrome en Anglais (SIDS) : mort subite et inattendue qui reste inexpliquée après une investigation approfondie, comprenant une autopsie complète et l’analyse des circonstances de la mort et de l'histoire clinique antérieure.
INtroduction
Les premiers liens suspectés entre la vaccination et le syndrome de mort subite du nourrisson remonte à 1933, à la suite des décès de deux enfants (âgés de 4 et 11 jours) aux îles Féroé dans les heures suivant l’administration d’un vaccin contre la coqueluche à cellule entière. En 1975, le Japon a arrêté l’utilisation du vaccin contre la coqueluche devant la crainte de ce lien. En 1979, le ministère de la Santé du Tennessee a émis un signal de sécurité à la suite de quatre décès inattendus survenus dans les 24 heures suivant la première injection du vaccin Diphtérie-Tétanos-Coqueluche. Les vaccins étaient tous issus du même lot, cependant les études de toxicité et épidémiologiques n’ont pas trouvé de preuve pour corroborer un lien de causalité avec ce lot.[4]
Plus récemment, un signal de sécurité est survenu en Allemagne lié à la survenue de 4 décès dans les 48 heures suivant la vaccination hexavalente (Hexavac) chez des enfants de plus de 1 an entre 2000 et 2003.[5]
DONNÉES de la littérature
La revue systématique de Moon, publiée en 2016, passe en revue les recommandations et les facteurs de risque du syndrome de mort subite du nourrisson et autres décès du sommeil. Concernant la vaccination, les principaux résultats sont les suivants :[3]
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6 études cas témoins ont été réalisées dans les suites du signal de 1978 : 4 n’ont pas trouvé d’association entre le vaccin DT-Coqueluche et le SMSN ; 2 ont trouvé une association temporelle mais uniquement dans une analyse en sous-groupe.
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Plusieurs analyses de la base de données des effets indésirables des vaccins aux États-Unis (VAERS) n’ont montré aucun lien entre vaccins et SMSN.
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Plusieurs études cas-témoins à grande échelle retrouvent, a contrario, un effet protecteur de la vaccination contre le SMSN, mais plusieurs facteurs de confusion peuvent expliquer ce résultat. De même, il est supposé que la diminution du taux de SMSN constatée immédiatement après la vaccination soit attribuable au fait que les nourrissons sont en meilleure santé au moment de la vaccination.
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La méta-analyse de Vennemann et al., citée ci-dessous, est également reprise.
Les auteurs concluent que les preuves continuent de ne montrer aucune relation de cause à effet entre les vaccinations et le SMSN et suggèrent au contraire que la vaccination pourrait avoir un effet protecteur.
La revue de l'Institute of Medicine (IOM) des États-Unis, via le « Committee to Review Adverse Effects of Vaccines », publiée en 2012, énonce les effets indésirables imputables ou non aux vaccins. Ils sont classés en 4 catégories de preuve : convaincantes pour un lien de causalité (augmentation du risque importante dans les études épidémiologiques ou mécanisme physiopathologique convaincant), en faveur d'une acceptation (preuve épidémiologique modérée d'une augmentation ou mécanisme physiopathologique possible), en faveur d'un rejet, et insuffisantes pour accepter ou rejeter un lien de causalité (absence de preuve épidémiologique ou mécanisme physiopathologique peu convaincant ou inexistant).[10]
Concernant le vaccin DTCa, les auteurs concluent que les preuves sont insuffisantes pour accepter ou rejeter une relation de cause à effet avec le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN).
La méta-analyse de Vennemann et al., publiée en 2007, a étudié la relation entre la vaccination et le risque de syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN). La méta-analyse des 9 études cas-témoins incluses (dont une seule sur l'hexavalent) a mise en évidence un risque significativement plus faible de SMSN associé à la vaccination contenant DTCa [1] :
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La méta-analyse des 9 études avec une analyse univariée retrouve un OR = 0.58 [IC95% : 0.46 à 0.73], mais avec une hétérogénéité significative (I² = 67.4%).
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La méta-analyse des 4 études avec une analyse multivariée, (ajustant sur les principaux facteurs confondants), retrouve un OR = 0.54 [IC95% : 0.39 à 0.76] sans hétérogénéité significative.
Les auteurs rassurent sur l'absence de preuve d'une relation causale entre la vaccination et le SMSN.
La revue systématique « Immunization Safety Review Committee » de l'institute of medicine, publiée en 2003, rassemble les données concernant un lien hypothétique entre la vaccination et le syndrome de mort subite du nourrisson [2] :
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Concernant les conclusions sur un lien de causalité avec le SMSN (SIDS = Sudden infant death syndrome) :
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Les preuves sont en faveur d’un rejet de lien causal entre le DTCe (Ce = germe entier de la coqueluche) et le SMSN.
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Les preuves sont insuffisantes pour prouver ou rejeter une relation causale entre le DTCa (Ca = Coqueluche acellulaire) ; ni pour les vaccins individuels Haemophilus influenzae b, Hépatite B, Polio oral, polio inactivé et le SMSN.
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Les preuves sont en faveur d’un rejet de lien causal entre l'exposition à des multiples vaccinations et le SMSN.
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Concernant les conclusions sur un lien de causalité avec la MIN (Mort Inattendue du Nourrisson) (SUDI = Sudden Unexpected Death in Infancy) :
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Les preuves sont insuffisantes pour accepter ou rejeter un lien causal entre l'exposition à des multiples vaccinations et la MIN.
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Les preuves sont en faveur d’un lien causal entre le DTCe et les décès par anaphylaxie dans l’enfance.
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Concernant les conclusions sur un lien de causalité avec les décès néonataux :
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Les preuves sont insuffisantes pour accepter ou rejeter un lien de cause à effet entre le vaccin contre l'hépatite B et les décès néonataux.
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Plusieurs mécanismes physiopathologiques ont été étudiés :
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Une des hypothèses est un lien entre la survenue d’effets secondaires bénins de la vaccination (comme la fièvre et l’anorexie) et le déclenchement de SMSN. Les mécanismes possibles sont les anomalies de régulation neuronale ou une décompensation métabolique aiguë chez des patients à risque. Le comité conclue à l'absence de preuve expérimentale et humaine, le mécanisme reste purement théorique.
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La deuxième hypothèse est une réponse inflammatoire pulmonaire anormale, secondaire à la vaccination, menant au SMSN. Le comité conclut qu'en l'absence de preuve expérimentale et humaine, le mécanisme reste théorique.
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Les hypersensibilités de type I (notamment l'anaphylaxie) peuvent causer des décès dans les suites immédiates de la vaccination. Certains avancent l'hypothèse que la phase immédiate peut être manquée et que les décès surviennent à une phase tardive de l'anaphylaxie. Cela pourrait conduire à tort au diagnostic de mort inattendue du nourrisson. Cette possibilité reste purement théorique.
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Le comité ne recommande pas de révision du calendrier vaccinal à la suite des préoccupations sur le SMSN étant donné les données rassurantes.
La revue systématique publiée en 1991 intitulée “adverse effects of Pertussis And Rubella Vaccines”, a été commanditée par l’Institute of Medecine dans les suites du signal de sécurité survenue en 1979 dans le Tennessee entre SMSN et vaccin DT-Coqueluche. 7 études contrôlées ont été incluses dans l’analyse. Une méta-analyse a également été effectuée en incluant 3 études de série de cas supplémentaires. Les conclusions tirées sont les suivantes :[4]
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Aucune des études contrôlées n’a mis en évidence d’association significative entre la vaccination et le SMSN.
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Quels que soient les ajustements réalisés ou non, la méta-analyse à effets aléatoires ne met pas en évidence d’augmentation statistiquement significative de SMSN dans la période post-vaccinale. On constate au contraire une tendance à un effet protecteur par les études de meilleure qualité.
Les auteurs concluent que les preuves n’indiquent pas de relation de cause à effet entre le vaccin DT-coqueluche et le SMSN. Les études montrant une relation temporelle entre ces événements coïncident avec la survenue attendue de SMSN dans la tranche d'âge dans laquelle la vaccination par la DTC a généralement lieu.
DONNÉES des institutions
Institutions françaises
Une note d’information de l'ANSM, parue en 2003,[5] reprend le signal de 2003 et précise que celui-ci a été confirmé par une étude cas attendus - cas observés réalisée en Allemagne. Cependant, le faible nombre de cas recensés (3 cas sur une cohorte de 700 000 enfants allemands) et certaines limites méthodologiques ne permettent pas d’établir une relation de cause à effet.
De plus, l'ANSM fait part des conclusions de l’Agence Européenne du Médicament (EMA) et de son Comité des Spécialités Pharmaceutiques (CSP) qui concluait en 2003 que : "le rapport bénéfice/risque de ces vaccins demeurait inchangé”, et “qu’en l’état actuel des connaissances, aucune modification des conditions actuelles d’utilisation de ces vaccins n’était justifiée”. Elle estimait toutefois qu’il était “nécessaire de mettre en place d’autres études pour explorer l’existence ou non d’un risque de mort subite liée à la vaccination hexavalente”.
Enfin, l’agence rappelle qu’en France, aucun cas de décès n’a été recensé depuis la mise à disposition de ce vaccin.
Institutions américaines
Le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) [8] publie en Aout 2015, que plusieurs études ont été conduites afin de rechercher des liens éventuels entre les vaccinations et le SMSN. Les résultats de ces études et des données de surveillance montrent que les vaccins ne sont pas responsables de SMSN.
Institutions internationales
L’avis de l’OMS (par le GACVS), à travers une fiche d’information sur la vaccination DTCa mise à jour en 2014, mentionne que [6] :
“Peu après leur introduction, des rapports isolés de cas ont fait état de décès subis après l’administration de vaccins hexavalents incluant le DTCa. Ce point n’a pas été confirmé par un certain nombre d’études, dont une grande étude cas-témoins comportant des données sur la vaccination pour 307 cas de SMSN et 971 témoins qui n’a pas mis en évidence d’augmentation du risque de SMSN dans les 14 jours suivant la vaccination”
L’OMS ajoute par un article publié sur son site internet, dédié aux idées fausses sur la vaccination en Mars 2016 [9] : “Il n’existe pas de lien de cause à effet entre l’administration de ces vaccins [DTCa] et la mort subite du nourrisson. Toutefois, ces vaccins sont administrés à un âge où les bébés peuvent être frappés par le syndrome de mort subite du nourrisson. En d’autres termes, les décès par MSN survenant après la vaccination sont une coïncidence et se seraient produits même si le nourrisson n’avait pas été vacciné. Il est important de ne pas oublier que ces quatre maladies sont potentiellement mortelles et que les nourrissons qui n’ont pas été protégés contre celles-ci par la vaccination courent un risque de décès ou d’incapacité grave.”
SOURCES
Revues systématiques
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Vennemann MMT, Höffgen M, Bajanowski T, Hense H-W, Mitchell EA. Do immunisations reduce the risk for SIDS? A meta-analysis. Vaccine. 2007 Jun 21;25(26):4875–9. (Prisma ●●●○ ; Amstar ●●○)
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Institute of Medicine (US) Immunization Safety Review Committee. Immunization Safety Review: Vaccinations and Sudden Unexpected Death in Infancy [Internet]. Stratton K, Almario DA, Wizemann TM, McCormick MC, editors. Washington (DC): National Academies Press (US); 2003. Available from: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK221466/ (Prisma ●●○○ ; Amstar ●○○)
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Moon RY, TASK FORCE ON SUDDEN INFANT DEATH SYNDROME. SIDS and Other Sleep-Related Infant Deaths: Evidence Base for 2016 Updated Recommendations for a Safe Infant Sleeping Environment. Pediatrics. 2016;138(5). (Prisma ●○○○ ; Amstar ●○○)
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Institute of Medicine (US) Committee to Review the Adverse Consequences of Pertussis and Rubella Vaccines. Adverse Effects of Pertussis and Rubella Vaccines: A Report of the Committee to Review the Adverse Consequences of Pertussis and Rubella Vaccines [Internet]. Howson CP, Howe CJ, Fineberg HV, éditeurs. Washington (DC): National Academies Press (US); 1991 [cité 2 mars 2019]. (The National Academies Collection: Reports funded by National Institutes of Health). Disponible sur: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK234363/ (Prisma ●●●○ ; Amstar ●●○)
Littérature grise -
Information sur les vaccins Hexavalents : Hexavac® et InfanrixHexa® - ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé [Internet]. 2017 [cité 25 mai 2022]. Available from: https://ansm.sante.fr/actualites/information-sur-les-vaccins-hexavalents-hexavac-r-et-infanrixhexa-r
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May_2014_DTP_final_FR.pdf [internet]. Disponible sur : http://www.who.int/vaccine_safety/initiative/tools/May_2014_DTP_final_FR.pdf
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OMS | Sécurité des vaccins hexavalents [Internet]. WHO. 2017 [cité 25 mai 2022]. Available from: http://www.who.int/vaccine_safety/committee/topics/hexavalent/Dec_2004/fr/
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Sudden Infant Death Syndrome (SIDS) Concerns | Vaccine Safety | CDC [Internet]. 2017 [cité 25 mai 2022]. Available from: https://www.cdc.gov/vaccinesafety/concerns/sids.html
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OMS | Vaccination: 10 idées fausses à corriger [Internet]. WHO. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.who.int/fr/news-room/commentaries/detail/embrace-the-facts-about-vaccines-not-the-myths
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Read « Adverse Effects of Vaccines: Evidence and Causality » at NAP.edu [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.nap.edu/read/13164/chapter/1