Diabète de Type 1 et Vaccination
LES DONNÉES ISSUES DES REVUES SYSTÉMATIQUES
L'AVIS DES AUTORITES
Un lien a été suspecté entre la vaccination et le diabète de type 1, à la suite de certaines études épidémiologiques isolées retrouvant une augmentation du taux de diabète de type 1 pour certains vaccins (vaccins contre l'hépatite B, l'HiB et le ROR).
Les données issues des revues systématiques
La méta-analyse de Pietrantonj et al., publiée en 2020, évalue l'efficacité, la tolérance et les effets secondaires des vaccins ROR. Concernant le lien entre l’apparition d’un diabète de type 1 et vaccination ROR, 2 études de cohorte ont été incluses soit plus de 1 670 000 sujets, pour un degré de preuve faible. Le résultat global de la méta-analyse n'a pas fourni de preuves à l'appui d'une association entre la vaccination ROR et le diabète de type 1 (RR = 1,09, [IC95% : 0,98 à 1,21]). En outre, le fait de limiter l'analyse aux enfants dont au moins un frère ou une sœur est atteint(e) de diabète de type 1 n'a pas permis de mettre en évidence une association (RR = 0,86, [IC95% : 0,34 à 2,16]). [7]
La méta-analyse de Morgan et al, publiée en 2016, étudie le lien entre la vaccination de routine et le risque de diabète de type 1, en comparant les taux de vaccination chez les enfants ayant un diabète de type 1 avec ceux des enfants témoins, à partir d'études observationnelles. 23 études étudiant 16 vaccinations portant sur 13 323 enfants ont été incluses, dont 11 ont été incluses dans la méta-analyse. Aucun lien de causalité n'est retrouvé entre les vaccinations étudiées et le diabète de type 1. Les résultats les plus ajustés pour chaque vaccination sont:[4]
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Pour le ROR : OR = 0.53 [IC95% : 0.21 à 1.38], basé sur 5 études.
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Pour la rougeole seule : OR = 0.75 [IC95% : 0.54 à 1.05], sur 15 études.
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Pour la rubéole seule : OR = 0.85 [IC95% : 0.58 à 1.26], sur 14 études.
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Pour les oreillons seuls : OR = 0.81 [IC95% 0.59 à 1.11], sur 13 études.
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Pour la coqueluche : OR = 0.79 [IC95% : 0.53 à 1.18], sur 14 études.
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Pour le BCG : OR = 0.96 [IC95% : 0.76 à 1.21], sur 11 études.
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Pour le DTP : OR = 0.90 [IC 95% : 0.15 à 5.31], sur 3 études.
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Pour l'haemophilus influenza : OR = 1.07 [IC95% : 0.97 à 1.17], sur 11 études.
La plupart des résultats ont une hétérogénéité élevée. En ne prenant que les études de bonne qualité, les résultats sont similaires (aucune nouvelle différence statistiquement significative). Concernant l'hépatite B, une seule étude étudie cette hypothèse et ne retrouve pas de résultat significatif.
La revue systématique de Maglione et al, publiée en 2014, évalue la sécurité des vaccins recommandés chez les enfants aux États-Unis. Cette revue fait partie du rapport final intitulé «Safety of vaccines used for routine immunization in the United States », de l’Agency for Healthcare Research and Quality. La conclusion est qu'il existe la preuve que certains vaccins sont associés à des effets indésirables sévères, mais extrêmement rares. En tenant compte des données de la revue, mais aussi du rapport final, le diabète de type 1 n'est pas associé à la vaccination (vaccins anti DT-coqueluche acellulaire et vaccins anti-HPV chez les enfants et les adolescents avec un niveau de preuve modéré ; vaccin anti-ROR chez l'adulte avec un niveau de preuve modéré). [2], [3]
La revue systématique de Demicheli et al, publiée en 2012, évalue l'efficacité et les effets indésirables associés au vaccin ROR chez les enfants de moins de 15 ans. Concernant le diabète de type 1, les auteurs concluent qu'il n'y a pas de lien retrouvé avec le diabète de type 1. Les auteurs se basent sur une seule étude rétrospective, à partir d'un registre danois sur 739 694 enfants, qui ne retrouve pas de résultat significatif : Odds-Ratio (OR) = 1.14 [IC95% : 0.90 à 1.45].[5]
La revue systématique de Schattner et al., publiée en 2005, évalue le lien entre la vaccination et les manifestations auto-immunes. Concernant la vaccination anti-hépatite B, les 2 études incluses rapportent l'absence de lien entre le vaccin et le diabète de type 1. Concernant la vaccination anti-ROR, les 3 études incluses ne retrouvent de lien avec le diabète de type 1. [6]
La revue systématique de Jefferson et al, publiée en 1998, analyse le potentiel lien entre le diabète de type 1 et la vaccination des enfants. 12 essais et 2 méta-analyses ont été inclus. La conclusion des auteurs est l'absence de preuve d'un lien de causalité entre la vaccination et le diabète de type 1. Cependant, les auteurs signalent l'insuffisance des données de la littérature internationale disponibles pour écarter ce lien.[1]
L'avis des AUTORITES
Les fiches d'informations sur la sécurité des vaccins de l'OMS, via le Global Advisory Committee on Vaccine Safety (GACVS), énoncent les effets secondaires répertoriés par vaccin.[7], [8]
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Concernant le vaccin contre l'hépatite B, une étude chez le rat et une chez l'homme avaient supposé cette association. Cependant aucune autre étude n'appuie cette allégation.
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En Finlande, l'élimination des oreillons par la vaccination a même coïncidé avec un recul du diabète insulino-dépendant. Les auteurs rappellent la limite des études écologiques pour trancher sur ce lien.
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Concernant le vaccin contre Haemophilus Influenzae de type B, aucune preuve ne permet de soutenir ce lien (selon une étude américaine de phase 3 sur plus de 50 000 enfants de 10 à 12 ans).
La revue de l'Institute of Medicine (IOM) des Etats Unis, via le « Comittee to Review Adverse Effetcs of Vaccines », publiée en 2012, énonce les effets indésirables imputables ou non aux vaccins.[9]
Ils sont classés en 4 catégories de preuve : convaincantes pour un lien de causalité (augmentation du risque importante dans les études épidémiologiques ou mécanisme physiopathologique convaincant), en faveur d'une acceptation (preuve épidémiologique modérée d'une augmentation ou mécanisme physiopathologique possible), en faveur d'un rejet, et insuffisantes pour accepter ou rejeter un lien de causalité (absence de preuve épidémiologique ou mécanisme physiopathologique peu convaincant ou inexistant).
Les conclusions du comité pour le lien entre le diabète de type 1 et la vaccination sont :
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Vaccin contre le ROR : en faveur d'un rejet d'une relation de causalité (selon 4 études cas-témoins, 1 cohorte rétrospective et 5 publications) ;
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Vaccin contre DTCa : en faveur d'un rejet d'une relation de causalité (selon 3 études cas-témoins et 2 études de cohorte) ;
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Vaccin contre l'hépatite B : preuves insuffisantes pour conclure ou exclure un lien de causalité (selon 1 étude cas-témoins et 1 étude de surveillance).
La précédente revue de l'Institute of Medicine (IOM) des Etats Unis, publiée en 2002, dans le rapport "Immunization safety review : multiple immunizations and immune dysfunctions" a étudié le lien entre les vaccinations multiples et l'hypothèse du risque d'altération du système immunitaire, pouvant entraîner l'auto-immunité et le diabète de type 1. Le comité estime que ce risque est théoriquement plausible, mais que les données épidémiologiques ne le soutiennent pas. Le rapport a inclus 5 études contrôlées et 3 études écologiques. Les résultats de ces études ne retrouvent pas d'effet des vaccinations multiples sur l'incidence du diabète de type 1. Le comité conclut que les données épidémiologiques plaident en faveur d'un rejet d'un lien de causalité entre les vaccinations multiples et un risque accru de diabète de type 1. [10]
Sources
Revues systématiques
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Jefferson T, Demicheli V. No evidence that vaccines cause insulin dependent diabetes mellitus. J Epidemiol Community Health. Oct 1998;52(10):674 5. (Prisma ●●○○ ; Amstar ●●○)
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Maglione MA, Gidengil C, Das L, Raaen L, Smith A, Chari R, et al. Safety of Vaccines Used for Routine Immunization in the United States. Agency for Healthcare Research and Quality (US); 2014. (Prisma ●●●○ ; Amstar ●●○)
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Maglione MA, Das L, Raaen L, Smith A, Chari R, Newberry S, et al. Safety of vaccines used for routine immunization of U.S. children: a systematic review. Pediatrics. Août 2014;134(2):325 37. (Prisma ●●●○ ; Amstar ●●○)
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Morgan E, Halliday SR, Campbell GR, Cardwell CR, Patterson CC. Vaccinations and childhood type 1 diabetes mellitus: a meta-analysis of observational studies. Diabetologia. Févr 2016;59(2):237 43. (Prisma ●●●● ; Amstar ●●●)
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Demicheli V, Rivetti A, Debalini MG, Di Pietrantonj C. Vaccines for measles, mumps and rubella in children. Cochrane Database Syst Rev. 15 févr 2012;(2):CD004407. (Prisma ●●●● ; Amstar ●●●)
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Schattner A. Consequence or coincidence? The occurrence, pathogenesis and significance of autoimmune manifestations after viral vaccines. Vaccine. 10 juin 2005;23(30):3876 86. (Prisma ●●○○ ; Amstar ●○○)
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Di Pietrantonj C, Rivetti A, Marchione P, Debalini MG, Demicheli V. Vaccines for measles, mumps, rubella, and varicella in children. Cochrane Database Syst Rev. 2021 Nov 22;11(11):CD004407. doi: 10.1002/14651858.CD004407.pub5. (Prisma ●●●● ; Amstar ●●●)
Littérature grise
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July_2014_HepB_final_FR.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.who.int/vaccine_safety/initiative/tools/July_2014_HepB_final_FR.pdf?ua=1
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July_2014_AEFI_HiB_final_FR.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.who.int/vaccine_safety/initiative/tools/July_2014_AEFI_HiB_final_FR.pdf?ua=1
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Read « Adverse Effects of Vaccines: Evidence and Causality » at NAP.edu [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.nap.edu/read/13164/chapter/1
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Committee I of M (US) ISR, Stratton K, Wilson CB, McCormick MC. Executive Summary [Internet]. National Academies Press (US); 2002 [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK220490/