Le Lobby Pharmaceutique et les Conflits d'Intérêts des Experts
Nous avons exclu de la recherche les revues sur l'impact des conflits d'intérêts et du lobbying sur les professions paramédicales, les revues sur le point de vue des patients sur les liens et conflits d'intérêts, ainsi que les revues portant sur le lobbying ou les conflits d'intérêts dans un domaine médicale précis (sauf si cela concernait la vaccination).
Les Conflits d'Intérêts
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LES CONFLITS D'INTÉRÊTS
Les différents conflits d'intérêts
L'importance des conflits d'intérêts
Une gestion des conflits d'intérêts variable
Les conflits d'intérêts
Un conflit d’intérêts est une situation dans laquelle le jugement professionnel concernant un intérêt principal (comme le bien-être du patient ou la validité d’une recherche) est susceptible d’être influencé par un intérêt secondaire (comme un gain financier).[8]
Ce sujet d'actualité témoigne d'une perte de confiance de la société envers les médecins et en particulier envers les agences sanitaires.[4] Plusieurs affaires ont mis à mal cette confiance, dont l'affaire du sang contaminé[5], l'affaire du médiator (avec une suspicion de conflit d'intérêts entre des membres de la commission d'AMM de l'Afssaps et l'industrie)[7], la gestion de la pandémie grippale (où seuls deux des 17 experts du comité de lutte contre la grippe A H1N1 n'avaient pas de relation avec les industries), etc.[4]
Pourtant, en santé publique, les enjeux humains et économiques sont tels, que cela suppose une exigence d'indépendance et d'impartialité de la part de l'ensemble des personnes participant aux processus de décision, d'avis ou de recommandation.[4],[5]
Les différents conflits d'intérêts
Il existe deux principaux types de conflits d'intérêts :[5]
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Les conflits d'intérêts financiers : principale source de conflits d'intérêts (rémunération ou gratification pour un emploi, une activité de consultant ou une expertise, etc.) ;
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Les conflits d'intérêts moraux : besoin de reconnaissance par les pairs, soutient des intérêts d'un groupe de pensée, etc.
Ils peuvent être directs (bénéfice touchant directement l'intéressé : rémunération, gratification, etc.) ou indirects (quand le bénéfice concerne une personne ou une institution avec qui l'intéressé est en relation).
Tous les liens d'intérêts ne sont pas équivalents, et tous liens d'intérêts ne constituent pas un conflit d'intérêts. [8] La HAS, par exemple, distingue les liens d'intérêts majeurs (à haut risque de conflits d'intérêts) des autres liens d'intérêts, en fonction de plusieurs critères (fréquence des relations avec l'industrie, montant des rémunérations, ancienneté et permanence des liens, etc.). De même, un lien d'intérêts n'aura pas le même impact (c'est à dire, le même risque de conflit d'intérêts) selon la personne et le travail sollicité. Pour évaluer cet impact, il faut tenir compte, en plus de l'ampleur de la collaboration, du type de travail demandé, du domaine d'expertise, de l'implication de l'expert dans ce domaine et du type d'expertise (individuelle ou collective, la collégialité pouvant atténuer le risque de conflit d'intérêts).[5]
L'importance des conflits d'intérêts
Selon la revue narrative de Gasparyan et al., publiée en 2013, la plupart des auteurs de guides de recommandations cliniques ont des liens avec l'industrie pharmaceutique. Ainsi, selon une enquête publiée dans le JAMA en 2002 en Amérique du Nord et en Europe, 60% des auteurs avaient des liens d'intérêts financiers avec les firmes produisant les médicaments ciblés par les recommandations. A titre d'exemple, les déclarations de conflits d'intérêts ne sont présentées que dans 33.3% des recommandations de rhumatologie approuvées par l'EULAR entre 2000 et 2013.[3]
Selon la revue systématique de Bekelman et al., publiée en 2003, un quart des chercheurs universitaires reçoivent des subventions de l'industrie (selon 2 études); et deux tiers des établissements d'enseignement universitaire aux Etats-Unis et au Canada ont des parts dans des entreprises qui financent des recherches effectuées dans ces mêmes établissements (selon 1 étude).[1]
Une déclaration des conflits d'intérêts variable
Selon la revue systématique de Lundh et al., publiée en 2019 a pour but d'identifier et de résumer les outils d'évaluation et autres guides qui traitent des conflits d'intérêts dans les études de recherche médicale. Elle identifie également les meilleures revues avec des politiques sur la gestion des conflits d'intérêts dans les articles de revues. Dans un petit échantillon de 30 revues médicales de premier plan, plus de la moitié d'entre elles n'avaient pas de politique explicite sur la gestion des conflits d'intérêts dans les articles, au-delà des pratiques de divulgation standard. Les revues ayant des politiques de gestion des conflits d'intérêts imposaient principalement une forme de restriction sur les articles non liés à la recherche, ne publiant que ceux dont les auteurs n'avaient pas de conflits d'intérêts financiers.[2]
Les auteurs concluent que les outils d'évaluation qui traitent des conflits d'intérêts le font généralement de manière superficielle et traitent rarement de la manière dont les conflits d'intérêts peuvent influencer les études. Moins de la moitié des principales revues médicales ont des politiques explicites sur la gestion des conflits d'intérêts.
Selon la revue narrative de Gasparyan et al., publiée en 2013, une politique claire de déclaration des conflits d'intérêts n'est pas systématiquement retrouvée dans l'ensemble des journaux. Parmi les articles publiés dans la base de données des revues systématiques de Cochrane pour l'année 2010, seuls 30% ont fourni des déclarations sur leurs sources de financement et 11% sur le lien entre l'auteur et l'industrie pharmaceutique. De même, sur les 43 revues de rhumatologie, seules 7 revues (soit 6.3%) ont adopté une politique de divulgation complète des conflits d'intérêts. [3]
Sources
Revue systématique
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Bekelman JE, Li Y, Gross CP. Scope and impact of financial conflicts of interest in biomedical research: a systematic review. JAMA. 22 janv 2003;289(4):454 65. (Prisma ●●●○; Amstar ●●○)
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Lundh A, Rasmussen K, Østengaard L, Boutron I, Stewart LA, Hróbjartsson A. Systematic review finds that appraisal tools for medical research studies address conflicts of interest superficially. J Clin Epidemiol. avr 2020;120:104‑15. (Prisma ●○○○; Amstar ●○○)
Revue narrative -
Gasparyan AY, Ayvazyan L, Akazhanov NA, Kitas GD. Conflicts of interest in biomedical publications: considerations for authors, peer reviewers, and editors. Croat Med J. déc 2013;54(6):600 8.
Littérature grise
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LCA_Etain.pdf [Internet]. [cité 23 mai 2022]. Disponible sur: http://www.chups.jussieu.fr/diupmweb/Docs%20pour%20memoires%202012/MEMOIRES%202012/LCA%20et%20conflits%20dinteret/LCA_Etain.pdf
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guide_dpi.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://webzine.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/guide_dpi.pdf
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Smadja PF& C. Les dessous de l’affaire du sang contaminé [Internet]. Le Monde diplomatique. 1999 [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.monde-diplomatique.fr/1999/02/FROGUEL/2747
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Médiator® et accompagnement des personnes - ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://archiveansm.integra.fr/Dossiers/Mediator-R/Mediator-R-et-accompagnement-des-personnes/(offset)/0
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ICMJE Recommandations pour la conduite, la présentation, la rédaction et la publication des travaux de recherche soumis à des revues médicalesI [Internet]. Disponible sur: http://www.icmje.org/recommendations/translations/french2013.pdf
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L'influence de l'industrie pharmaceutique
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L'INFLUENCE DE L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE DANS LA RECHERCHE
L'évolution du financement des essais par l'industrie
L'influence de l'industrie dans l'élaboration des programmes de recherche
La qualité des études financées par l'industrie
La corrélation entre la source de financement et les résultats de l'étude
La déclaration des effets secondaires
Un biais de publication
L'INFLUENCE DE L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE DANS L'EXERCICE MÉDICAL
Coût des activités de promotion des industries pharmaceutiques
Les différentes voies d'influence des industries
LIMITER CETTE INFLUENCE
Les bases législatives
La politique de gestion des conflits d'intérêts pour les auteurs et les éditeurs de journaux
La déclaration des liens d'intérêts via la base « Transparence Santé »
Le respect de l'éthique lors des relations médecins-industrie
L'enregistrement prospectif des essais
L'influence de l'industrie pharmaceutique dans la recherche
Le parrainage par l'industrie est une source majeure de biais qui peut affecter la recherche à plusieurs étapes.
L'évolution du financement des essais par l'industrie
La participation financière de l'industrie à la recherche biomédicale a fortement augmenté, comme le souligne la revue narrative de Okike et al., publiée en 2008. Selon les auteurs, elle représentait 26% des essais publiés dans des journaux médicaux prestigieux dans les années 1980 contre 62% à la fin des années 90. L'industrie finançait la plupart des études les plus influentes : selon l'étude citée, 84% des essais randomisés les plus fréquemment cités entre 1994 à 2003 ont été financés par l'industrie. De plus, les articles financés par l'industrie sont significativement associés à des taux de citation plus élevés.[16]
L'influence de l'industrie dans l'élaboration des programmes de recherche
La revue systématique de Fabri et al., publiée en 2018, évalue l’influence du financement de l’industrie sur l’élaboration des programmes de recherche (c’est-à-dire la première étape de la recherche, au cours de laquelle les questions de recherche sont choisies). 36 études ont été incluses. Les auteurs concluent qu’en règle générale, les études montrent que : [13]
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Le financement par l’industrie influence les axes de recherche vers ceux ayant des fins commerciales (ex : les interventions impliquant des médicaments ou des dispositifs médicaux sont favorisées par rapport aux études comportementales ou de santé publique). L’industrie aurait tendance à financer préférentiellement des recherches dans des domaines garantissant une part de marché importante (ex : en se focalisant sur les problématiques des pays à haut revenus).
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Certaines industries mettent en place des stratégies pour prioriser les programmes de recherche dont l’issue serait favorable aux positions juridiques et politiques de leur industrie (en détournant l’attention de la recherche qui pourrait lui être défavorable). Les auteurs citent l'exemple des firmes alimentaires du sucre, qui ont créé un programme de recherche afin de lutter contre les caries par des méthodes efficaces, autres que la réduction des glucides.
Les auteurs concluent que les résultats suggèrent que les intérêts des entreprises peuvent influencer les agendas de recherche et ainsi détourner les programmes de recherche des questions les plus pertinentes pour la santé publique.
La qualité des études financées par l'industrie
De nombreux biais sont possibles tout au long de l'étude : de la conception de l'étude (choix du comparateur, choix du critère de jugement principal, …), du mode de financement, de l'interprétation des résultats, etc. Concernant la conception des études financées par l'industrie, la qualité des études semble comparable avec les autres études ayant d'autres sources de financement. Cependant les études financées par l'industrie ont une utilisation de contrôle inactif (ex: placebo) significativement plus élevée.
La revue systématique de Lundh et al., publiée en 2017, étudie si les études sur les médicaments ou les dispositifs médicaux sponsorisés par l'industrie ont des résultats plus favorables que celles sponsorisées par d'autres sources de parrainage. La revue a inclus 75 articles. Elle ne retrouve aucune différence concernant la méthodologie pour le risque de biais de sélection, de confusion, d'attrition, de suivi et de déclaration sélective des résultats, sauf pour le risque de biais lié à l'aveugle. Les études financées par l'industrie ont souvent un plus faible biais lié à l'aveugle que les études avec d'autres sources de financement : RR = 1.25 [IC 95% : 1.05 à 1.50]. [2]
La revue systématique de Lexchin et al., publiée en 2003, recherche si le financement des études par l'industrie est associé à des résultats favorables au produit de l'industrie et si la méthodologie des études sponsorisées par l'industrie diffère de celles avec d'autres sources de financement. 30 études ont été incluses. Aucune des 13 études incluses examinant l'association entre le financement par l'industrie et la qualité méthodologique de l'étude ne retrouve de preuve d'une qualité plus faible pour les études financées par l'industrie. 4 de ces études retrouvent même un score de qualité plus élevé en cas de financement par l'industrie. Cependant, selon 1 étude, les études sponsorisées par l'industrie comparent plus fréquemment le nouveau traitement à un placebo ou à aucun médicament, par rapport aux études avec d'autres sources de financement (60% VS 21%, p < 0.001).[9]
La revue systématique de Bekelman et al., publiée en 2003, a inclus 4 études sur le lien entre le financement industriel et la conception de l'étude. Ces 4 études ont mis en évidence l'utilisation plus fréquente de contrôle inactif (placebo), des contrôles avec une posologie plus faible ou de moins bonne qualité (ex: contrôles moins bien absorbés), augmentant la probabilité d'obtenir des résultats positifs. [11]
Le risque de biais ne concerne pas uniquement les essais cliniques prouvant l'efficacité d'un traitement. Il peut aussi concerner les études pharmaco-économiques, qui sont indispensables pour choisir ou non d'introduire un nouveau vaccin dans le calendrier vaccinal d'un pays. La revue narrative de Beutels et al., publiée en 2004, énumère les différentes sources de biais possibles dans les études pharmaco-économiques : la formulation de la question de recherche et le design de l'étude ; l'estimation de l'efficacité clinique (efficacité à court terme encore incertaine car basée sur quelques études uniquement et efficacité à long terme estimée par des comités d'experts) ; le choix des sources pour l'évaluation des coûts qu'entraîne la maladie dans la société (qui sont parfois estimés uniquement par un comité d'experts) ; le report des résultats concernant les estimations et les scénarios étudiés dans ces analyses (présentation des résultats favorables aux objectifs de l'industrie). [18]
La corrélation entre la source de financement et les résultats de l'étude
Les revues systématiques incluses retrouvent que les études financées par l'industrie ont plus souvent des résultats en faveur du produit sponsorisé par l'industrie.
Selon la revue systématique de Bekelman et al., publiée en 2003, le résultat de la méta-analyse, sur un sous ensemble de 8 études rassemblant 1140 essais, retrouve une association statistiquement significative entre le financement par l'industrie et les conclusions pro-industrie : odds ratio groupé = 3.60 [IC 95% : 2.63 à 4.91], par rapport aux études non financées par l'industrie. Les résultats sont similaires en incluant uniquement les essais randomisés (OR = 4.14 [IC95%: 2.72 à 6.32]). Les conclusions des auteurs sont donc significativement plus favorables pour les études financées par l'industrie.[11]
La revue systématique de Lundh et al., publiée en 2017, étudie si les études sur les médicaments ou les dispositifs médicaux sponsorisés par l'industrie ont des résultats plus favorables que celles sponsorisées par d'autres sources de parrainage. La revue a inclus 75 articles. Selon la revue, les études sponsorisées par l'industrie ont : [2]
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plus souvent des résultats d'efficacité favorables pour le produit sponsorisé : RR = 1.27 [IC 95% : 1.17 à 1.37], avec un niveau de preuve modéré ; et des conclusions favorables pour le produit sponsorisé : RR= 1.34 [IC 95% : 1.19 à 1.51], avec un niveau de preuve faible ;
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autant de résultats favorables concernant les effets indésirables que les études avec d'autres sources de financement : RR = 1.37 [IC 95% : 0.64 à 2.93], avec un niveau de preuve très faible ;
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des résultats et des conclusions moins concordants que dans les autres études RR = 0.83 [IC 95% : 0.70 à 0.98].
Les auteurs concluent que les essais sponsorisés par l'industrie semblent avoir plus fréquemment des résultats et des conclusions favorables pour le produit sponsorisé que les essais non financés par l'industrie. Ce facteur devrait être pris en compte systématiquement lors de l'interprétation des résultats, même s'il ne constitue pas en lui-même un biais.
La revue systématique de Golder et al., publiée en 2008, étudie si les données sur les effets secondaires des médicaments sponsorisés sont présentés plus favorablement dans les études financées par l'industrie que dans les études ayant d'autres sources de financement. Les auteurs sont préoccupés concernant le potentiel biais pour l'interprétation et les conclusions des essais financés par l'industrie. En effet, les auteurs d'études financées par l'industrie concluent plus fréquemment à la sécurité du médicament, même dans les études retrouvant une augmentation significative des effets indésirables avec le produit sponsorisé.[6]
Selon la revue systématique de Lexchin et al., publiée en 2003, les études financées par l'industrie étaient plus susceptibles d'avoir des résultats favorables pour le produit du sponsor, que les études avec d'autres sources de financement : rapport de côte = 4.05 [IC 95% : 2.98 à 5.51] (selon 15 études).[9]
La revue systématique de Schott et al., publiée en 2003, a inclus 57 études. Leur conclusion est similaire : les essais financés par l'industrie ont des résultats plus favorables concernant le médicament que ceux financés de manière indépendante. [12]
Les explications possibles à ce plus grand nombre d'études ayant un résultat favorable parmi celles financées par l'industrie sont :
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le choix d'un comparateur faible (placebo, traitement comparateur moins efficace que le traitement de référence ou traitement utilisé à des posologies faibles) ; [2], [12], [13], [15]
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le choix d'un critère de jugement non pertinent mais plus susceptible de prouver un effet positif pour le traitement testé ; [2], [17]
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les biais de publication avec la non-publication des études défavorables ou la publication des résultats favorables plusieurs fois (Cf. ci-dessous) ; [2], [9], [17]
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le financement sélectif par les industriels avec le financement des études ayant le plus de chance d'obtenir un résultat positif ; [17]
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l'interprétation biaisée des résultats par les investigateurs. [17]
La déclaration des effets secondaires
La revue systématique de Golder et al., publiée en 2008, étudie si les données sur les effets secondaires des médicaments sponsorisés sont présentées plus favorablement dans les études financées par l'industrie que dans les études ayant d'autres sources de financement. 6 évaluations méthodologiques évaluant la déclaration des effets indésirables ont été incluses. Une étude (incluant 370 essais) conclut à un meilleur signalement des effets secondaires dans les études financées par l'industrie pharmaceutique ; tandis que la seconde étude (basée sur 504 essais sur les corticoïdes inhalés) conclut à l'absence de différence de signalement. A l'inverse, deux analyses en sous-groupe retrouvent un taux de signalement des effets indésirables plus faible pour les études financées par l'industrie. Par ailleurs, d'après 4 des évaluations méthodologiques, les auteurs d'études financées par l'industrie concluent plus fréquemment à la sécurité du médicament, même dans les études retrouvant une augmentation des effets indésirables avec le produit sponsorisé.
Les auteurs concluent que le financement des études par l'industrie ne semble pas être un biais majeur dans le report des données concernant les effets secondaires, mais qu'il pourrait y avoir des biais potentiels dans l'interprétation et les conclusions des auteurs des études financées par l'industrie.[6]
Un biais de publication
Les études financées par l'industrie sont moins publiées que les études avec d'autres sources de financement et il peut exister un biais de publication avec une publication préférentielle des études avec un résultat positif [16]. Selon la revue systématique de Lexchin et al., publiée en 2003, la recherche effectuée par les industries était moins susceptible d'être publiée que la recherche financée par d'autres sources (selon 5 études).[9] La revue systématique de Schott et al., publiée en 2010, analyse le financement des études par l'industrie et ses conséquences. 57 études ont été incluses. Les auteurs rapportent moins de publication parmi les études financées par l'industrie : 25 à 50% des essais ne sont pas publiés ; ou seule une partie des données était publiée (publication préférentielle des résultats positifs). A contrario, des résultats positifs sont parfois publiés plusieurs fois. Enfin, des études ont montré que les industries n'enregistrent pas toutes leurs études, comme il leur est recommandé.[12]
La relecture des articles par les pairs ("peer-review") constitue normalement une garantie de la qualité des études publiées. Pourtant, en cas de conflits d'intérêts des auteurs, celle-ci est affaiblie, comme le suggère la revue systématique de Bekelman et al., publiée en 2003, qui met en évidence une qualité inférieure des essais publiés dans des suppléments de journaux scientifiques financés par l’industrie, par rapport aux autres essais publiés dans ces journaux parents non financés par l'industrie. [11]
Une stratégie adoptée par les compagnies pharmaceutiques pour influencer le processus de publication est d’utiliser des « ghost writers », comme le citent la revue systématique de Schott et al. [12] et la revue narrative d'Albersheim et al. [16], c'est-à-dire des auteurs d’articles dont le nom n’apparaît pas sur la publication. Ces « ghost writers » sont des employés d'une industrie ou sont payés par l'industrie pour écrire un article. Ces articles sont ensuite parfois signés par des médecins reconnus pour légitimer scientifiquement l'article, sans que le lien avec l'industrie ne soit évident.
L'influence de l'industrie pharmaceutique dans l'exercice médical
Coût des activités de promotion des industries pharmaceutiques
Selon le rapport de l'IGAS intitulé « Information des médecins généralistes sur le médicament », publié en 2007, les dépenses promotionnelles de l'industrie pharmaceutique sont estimées à environ 12% du chiffre d'affaires entre 1999 et 2004 (en 2004, elles représentaient 2.8 milliards). En 2004, les ¾ des dépenses étaient consacrées aux visites médicales (13.4% aux publicités, 8.6% aux congrès, 2.2% aux échantillons, ...).[35]
En 2012, aux Etats-Unis, la promotion des médicaments coûtait 27 milliards de dollars dont 15 milliards étaient utilisés pour le démarchage et 5.7 milliards pour des échantillons. La publicité directement auprès du consommateur représentait 3.1 milliards de dollars.[38]
Les différentes voies d'influence des industries
L'industrie communique avec le médecin via différentes voies : la visite de représentants pharmaceutiques, les publicités dans les revues, le financement de réunions ou de congrès, l'envoi de publicités (courrier, e-mail, etc.).
La revue systématique de Lexchin et al., publiée en 1993, analyse l'effet de 3 types d'interaction entre l'industrie pharmaceutique et les médecins : les essais cliniques subventionnés, la formation médicale continue sponsorisée et l'impact des représentants médicaux. 36 études ont été incluses. Les auteurs concluent que ces 3 types d'interaction avec l'industrie pharmaceutique semblent influer le comportement de prescription du médecin.[5]
Selon les industries pharmaceutiques, les liens avec les professionnels de santé permettent : d'informer les professionnels de santé sur les bénéfices et les risques des produits pour améliorer la prise en charge du patient ; de fournir une information et une formation médicale ; de soutenir la recherche et la formation médicale ; d'avoir des retours et conseils sur leurs produits via les entretiens avec les médecins.[28]
L'influence de l'industrie pharmaceutique dans la formation médicale initiale des étudiants en médecine
Le contact précoce de l'industrie lors de la formation médicale des étudiants en médecine risque d'influer leur pratique future. La revue systématique de Austad et al., publiée en 2011, étudie l'exposition des étudiants en médecine à l'industrie pharmaceutique et leurs attitudes face à cette exposition. 32 études ont été incluses. Selon les études, 40 à 100% des étudiants en médecine déclaraient interagir avec l'industrie pharmaceutique. Les attitudes et les avis des étudiants à l'égard des pratiques de marketing pharmaceutiques sont très variables : 13 à 69% des étudiants pensent que les cadeaux de l'industrie peuvent influencer leurs prescriptions. 8 études ont rapporté une corrélation entre la fréquence de contact avec l'industrie et les attitudes favorables à l'égard de l'industrie. Les étudiants en formation pratique sont plus nombreux (53 à 71%) que les étudiants en formation théorique (29 à 62%), à penser que les informations promotionnelles aident à éduquer sur les nouveaux médicaments. La majorité des étudiants (61 à 89%) estiment ne pas être suffisamment formés sur les relations médecins-industrie.[8]
L'influence de l'industrie et des représentants médicaux sur la pratique médicale
La visite des représentants médicaux était très fréquente en médecine générale selon le rapport de l'IGAS intitulé « Information des médecins généralistes sur le médicament », publié en 2007.[35] En effet, lors du rapport, 1/3 des médecins reçoivent plus de 7 visiteurs médicaux par semaine et seuls 3 à 5% n'en reçoivent aucun. Bien que les médecins soient attachés à ce mode d'information jugé pratique, celui-ci est souvent biaisé avec une sur-valorisation des produits promus et une dévalorisation des produits anciens (souvent génériqués).
Un observatoire réalisé par la revue Prescrire de 1991 à 2006 a permis d'évaluer la qualité de l'information délivrée lors des visites aux contenus des RCP du médicament: dans 25% des cas, les indications du traitement ne sont pas celles figurant dans les RCP ; dans 15% des cas, les posologies ne sont pas celles des RCP ; et dans moins de 30% des cas, les contre-indications, les précautions d'emploi et les effets indésirables sont spontanément présentés. Les auteurs concluent que la visite médicale n'est pas un vecteur d'informations utiles pour les professionnels de santé qui privilégient la qualité des soins.[19]
L'influence de la visite médicale sur la pratique est plus élevée que ce que les médecins estiment.[35] Les études retrouvent globalement une augmentation des taux de prescription ou une prescription de moins bonne qualité.
La revue systématique de Hansen Nejstgaard et al., publiée en 2020, étudie dans quelle mesure les conflits d'intérêts financiers et non financiers sont associés à des recommandations favorables dans les lignes directrices cliniques, les rapports de comités consultatifs, les articles d'opinion et les revues narratives. 21 études ont été incluses. Les associations entre les conflits d'intérêts financiers et les recommandations favorables étaient : directives cliniques, RR = 1,26, [IC 95% : 0,93 à 1,69] (quatre études de 86 directives cliniques) ; rapports de comités consultatifs, RR = 1,20, [IC 95% : 0,99 à 1,45] (quatre études de 629 rapports de comités consultatifs) ; articles d'opinion, RR = 2,62, [IC 95% : 0,91 à 7,55] (quatre études de 284 articles d'opinion) ; et critiques narratives, RR = 1,20, [IC 95% : 0,97 à 1,49] (quatre études de 457 revues narratives). Une analyse combinant les quatre types de documents a confirmé ces résultats (RR : 1,26, [IC 95% : 1,09 à 1,44]). Une étude examinant les intérêts de la spécialité a révélé que l'association entre l'inclusion des auteurs de lignes directrices pour les radiologues et la recommandation d'un dépistage systématique du cancer du sein était RR = 2,10, [IC 95% : 0,92 à 4,77] (12 lignes directrices cliniques). Les auteurs concluent que les conflits d'intérêts financiers sont associés à des recommandations favorables de médicaments et d'appareils dans les directives cliniques, les rapports de comités consultatifs, les articles d'opinion et les revues narratives. Cependant, les auteurs concluent que le risque de confusion dans les études incluses et l'imprécision statistique des analyses individuelles de chaque type de document. Il n'est pas certain que les conflits d'intérêts non financiers aient un impact sur les recommandations. [14]
La revue systématique de Mitchell et al., publiée en 2020, évalue si la réception de paiements de l'industrie pharmaceutique est associée aux pratiques de prescription des médecins. Trente-six études comprenant 101 analyses ont été incluses. La plupart des études (n = 30) ont identifié une association positive entre les paiements et la prescription dans toutes les analyses ; le reste ( n = 6) avait un mélange de résultats positifs et nuls. Aucune étude n'avait que des résultats nuls. Sur 101 analyses individuelles, 89 ont identifié une association positive. Les paiements étaient associés à une augmentation de la prescription du médicament de l'entreprise payante, à une augmentation des coûts de prescription et à une augmentation de la prescription de médicaments de marque. Neuf études ont évalué et trouvé des preuves d'une association temporelle ; 25 ont évalué et trouvé des preuves d'une relation dose-réponse. Les auteurs concluent que l'association entre les paiements de l'industrie et la prescription médicale était constante dans toutes les études ayant évalué cette association. Les résultats concernant une association temporelle et la dose-réponse suggèrent une relation causale. [15]
La revue systématique de Brax et al., publiée en 2017, étudie l'association entre les interactions médecins–laboratoires pharmaceutiques et leurs pratiques cliniques (représentants médicaux, formation médicale continue financée par l'industrie, les cadeaux, etc.). 19 études ont été incluses.[1]
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Parmi 15 des 19 études incluses, étudiant l'impact de l'interaction médecins–industries pharmaceutiques, on retrouve de manière significative : soit une augmentation des taux de prescription du médicament présenté, soit une prescription de moins bonne qualité ou non justifiée, soit une augmentation des coûts de prescription.
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La méta-analyse de 6 de ces études a retrouvé une association significative entre l'interaction médecins–industries pharmaceutiques et le comportement de prescription du médecin : RC = 2.52 [IC 95% : 1.82 à 3.50], preuve de qualité modérée.
Les auteurs concluent qu'il existe des preuves de qualité modérée d'une association entre les interactions 'médecins–industries pharmaceutiques' et leurs habitudes ou leur qualité de prescription.
La revue systématique de Lexchin et al. [5] publiée en 1993 et la revue systématique de Spurling et al. [3] publiées en 2010 ont des conclusions similaires. La revue systématique de Spurling et al., analyse la relation entre l'exposition à l'information des compagnies pharmaceutiques et la qualité, la quantité et le coût de la prescription des médecins. 58 études ont été incluses. Les auteurs concluent que la grande majorité des études, sur l'exposition à l'information fournie directement par les compagnies pharmaceutiques, ont trouvé soit une association avec une fréquence de prescription plus élevée, des coûts plus élevés ou une qualité de prescription inférieure, soit n'ont pas trouvé d'association significative. Il n'y a donc aucune preuve nette d'une amélioration des prescriptions suite à l'exposition à l'information des compagnies pharmaceutiques.
La revue systématique de Wazana et al., publiée en 2000, a identifié 29 études publiées entre 1994 et 1999 sur les effets des interactions entre les médecins et l'industrie pharmaceutique sur les connaissances, les attitudes et le comportement. Les auteurs retrouvent que : [10]
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La plupart des médecins interrogés nient que des cadeaux puissent influencer leur pratique ; et plus les médecins recevaient de cadeaux, moins ils admettaient leur potentiel impact sur leur prescription ;
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Le financement de la FMC augmentait la probabilité de prescrire les produits du sponsor, de même que le fait d'accepter des échantillons ;
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Un contact plus fréquent avec les délégués médicaux était associé à des coûts de prescription plus élevés, des prescriptions inappropriées, des prescriptions plus rapides de nouveaux médicaments et une prescription de génériques plus faible.
La revue systématique de Fickweiler et al., publiée en 2017, a inclus 49 études. La plupart des médecins estiment que le contact avec les représentants médicaux et les conférences financées par l’industrie sont une source d’approfondissement des connaissances. La plupart des études retrouve que les médecins ne pensent pas que le contact avec les représentants médicaux influence leurs prescriptions. D'ailleurs, il y a une corrélation entre la quantité de cadeaux reçus et le sentiment que les représentants médicaux n’influencent pas leurs prescriptions. La plupart des cadeaux sont les échantillons médicaux, le matériel promotionnel, les invitations à des diners et les journaux scientifiques. Certains cadeaux sont jugés appropriés (échantillon de médicament, subvention de conférences, etc.) et la plupart des médecins se pense à l’abri de cette influence. Or plusieurs études retrouvent le contraire : l’acceptation d’échantillons de médicament, les voyages, les conférences sponsorisées, le financement des organismes de FMC conduisent à une modification des attitudes de prescription (augmentation des taux de prescription d’un médicament ou augmentation de la prescription de médicament avec le nom commercial plutôt que le générique). [4]
Limiter cette influence
La revue systématique de Alkhaled et al., publiée en 2014, examine l'effet de différentes interventions (politiques, législatives et éducatives) ciblant les interactions entre l'industrie pharmaceutique et les médecins. 4 études sur ces interventions et leurs impacts ont été incluses dans la revue.[7]
-
L'essai clinique randomisé n'a trouvé aucun effet d'une "approche collaborative" associant l'industrie pharmaceutique et les autorités sanitaires sur le changement de prescription.
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Les 3 études observationnelles ont apporté des preuves de faible qualité d'un effet positif des politiques visant à réduire les interactions entre les médecins et l'industrie pharmaceutique sur le comportement des prescriptions (limitation des échantillons gratuits, du matériel promotionnel et des entretiens avec les visiteurs médicaux), avec une diminution de prescription du médicament de l'industrie et une augmentation de prescription des génériques.
Ces données suggèrent un potentiel impact des politiques visant à réguler les interactions entre l'industrie pharmaceutique et les médecins sur la qualité des prescriptions. Cependant les auteurs signalent que des conclusions robustes sont limitées par le faible nombre d'études incluses.
Dans la revue narrative de Albersheim et al., publiée en 2011, les auteurs proposent d’autres recommandations pour préserver l’intégrité professionnelle, comme : la déclaration des conflits d’intérêts (notamment les interactions médecin-industrie de nature financière), l’éducation (via les études médicales ou la formation continue) sur la relation du médecin à l’industrie et l’interaction avec les visiteurs médicaux, la rédaction de recommandations ou des guides concernant la gestion des interactions avec l’industrie, l’indépendance des comités décideurs concernant les produits pharmaceutiques, etc. [16]
Les bases législatives
La loi insiste sur l'importance de l'indépendance du médecin dans ses prescriptions pour le bien du patient. Selon l'article R4127-5 du code de santé publique [26] : « Le médecin ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit. » Cette indépendance doit avoir comme seul objectif, l'intérêt du patient. Même si le médecin est « libre de ses prescriptions », il doit « limiter ses prescriptions [..] à ce qui est nécessaire à la qualité, à la sécurité et à l'efficacité des soins » et « doit tenir compte des avantages, des inconvénients […] des différentes investigations et thérapeutiques possibles », article R4127-8. [27]
La loi "anti-cadeau"
En dehors d'une convention pour un réel travail de recherche ou d'évaluation, la loi punit toute rémunération d'un médecin par une industrie. Selon l'article L4163-2 [23] : « Le fait, pour les membres des professions médicales […] de recevoir des avantages en nature ou en espèces [...] procurés par des entreprises assurant des prestations, produisant ou commercialisant des produits pris en charge par les régimes obligatoires de sécurité sociale est puni de deux ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende. En cas de condamnation, l'interdiction temporaire d'exercer la profession pendant une période de dix ans peut être prononcée […] ».
La loi du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé (dite loi Bertrand) [20], [36] : assure une transparence accrue sur les liens entre les acteurs du champ de la santé et l'industrie pharmaceutique et étend le dispositif « anti-cadeau » existant depuis 1993. La notion d’avantage inclut les cadeaux, la prise en charge des frais de repas, d’hébergement ou de transport, la mise à disposition gratuite de matériel, les remises sur l’achat de matériel, etc. Néanmoins, les avantages de valeur « négligeable » ne sont pas considérés comme des avantages.[34] Il n’existe pas de seuil légal pour la notion de « négligeable » mais le Conseil National de l’ordre des médecins admet qu’un avantage inférieur ou égal à 30 € par an et par bénéficiaire constitue un avantage de valeur négligeable. [41]
Deux arrêtés du 7 août 2020 complètent le dispositif anti-cadeau. Ces "avantages de valeur négligeable" sont les suivants : [48]
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Les repas et collations à caractère impromptu et ayant trait à la profession du bénéficiaire, dans la limite de 30 euros, deux fois par an ;
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Les livres, ouvrages ou revues relatifs à l’exercice de la profession du bénéficiaire, dans la limite de 30 euros par exemplaire et pour un montant maximum de 150 euros par an ;
-
Un échantillon de produits de santé à finalité sanitaire ou exemplaire de démonstration, dans la limite de 20 euros par échantillon et ne pouvant dépasser le nombre de 3 par an, ces seuils pouvant toutefois être dépassés notamment lorsque les échantillons et exemplaires de démonstration sont fournis dans un but pédagogique ou de formation à destination du professionnel de santé ou du patient ;
-
Les fournitures de bureaux ou les autres produits ou services qui ont trait à l’exercice de la profession du bénéficiaire dans la limite de 20 euros par an.
L’arrêté précise également les montants au-delà desquels les conventions doivent faire l’objet d’une demande d’autorisation, les autres étant seulement soumises à une procédure de déclaration (CSP, art. L.1453-10 et s.). Les montants sont différents selon les types d’avantages concernés (hospitalité, rémunération d’activités, dons, etc.) mais aussi selon les catégories de bénéficiaires (professionnels, étudiants ou associations).
Transparence des liens d'intérêts
Dans un objectif de transparence, toute convention passée avec une entreprise doit être déclarée. « Les entreprises produisant ou commercialisant des produits mentionnés au II de l'article L. 5311-1 ou assurant des prestations associées à ces produits sont tenues de rendre publique l'existence des conventions qu'elles concluent avec les professionnels de santé […], les associations de professionnels de santé, les étudiants [..], les établissements de santé […], les fondations, les sociétés savantes et les sociétés ou organismes de conseil […]. La même obligation s'applique, au-delà d'un seuil fixé par décret, à tous les avantages en nature ou en espèces que les mêmes entreprises procurent, directement ou indirectement [...] », article L1453-1. [23]
La déclaration des liens d'intérêts est devenue obligatoire par le code de la Santé Publique (article L.4113-13, loi du 4 mars 2002) [24] : «Les membres des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises et établissements produisant ou exploitant des produits de santé ou des organismes de conseil intervenant sur ces produits sont tenus de les faire connaître au public lorsqu'ils s'expriment lors d'une manifestation publique ou dans la presse écrite ou audiovisuelle sur de tels produits. Les conditions d'application du présent article sont fixées par décret en Conseil d' État. Les manquements aux règles mentionnées à l'alinéa ci-dessus sont punis de sanctions prononcées par l'ordre professionnel compétent. ».
L'interdiction des conflits d'intérêts dans la fonction publique
Les personnes exerçant une fonction publique ont l'interdiction de se placer dans des situations où leur intérêt serait en contradiction avec l'intérêt général. [45]
Concernant l'ANSM, selon l'article L5323-4 du code de santé publique : "Les agents contractuels [...] ne peuvent, par eux-mêmes ou par personne interposée, avoir, dans les établissements ou entreprises contrôlés par l'agence ou en relation avec elle, aucun intérêt de nature à compromettre leur indépendance". Le non-respect de cette disposition est sanctionné par le délit de prise illégale d'intérêts défini par l'article 432-12 du code pénale. Les agents de l'ANSM ont, de ce fait, l'obligation de déclarer leurs liens d'intérêts de toute nature, directs ou indirects, qu'ils ont ou ont eu dans les 5 années précédant leur prise de fonction. Cette déclaration est actualisée annuellement au minimum. [43], [44]
Cette sanction s'étend également à la HAS. Selon l'article R161-85 du code de la sécurité sociale : "Les personnes collaborant occasionnellement aux travaux de la Haute Autorité de Santé, les experts [...], les personnes qui apportent leur concours au collège ou aux commissions spécialisées de la Haute Autorité et les membres des commissions spécialisées ne peuvent, sous les peines prévues à l'article 492-12 du code pénal, traiter une question dans laquelle elles auraient un intérêt direct ou indirect [...]. [45], [46] Ainsi, la loi rend obligatoire la déclaration publique des liens d'intérêts de toute nature, pour certaines personnes apportant de manière permanente ou transitoire leur concours à la HAS. Ces liens d'intérêts sont analysés et gérés afin de ne pas constituer un conflit d'intérêts, et si tel est le cas, l'individu sera exclu de la prise de décision. [32]
Concernant les vaccinations, le Comité technique des Vaccinations (CTV) émet des propositions d'avis pour les vaccinations à inscrire ou non dans le calendrier vaccinal. Celui-ci est composé de 20 membres qualifiés assurant une expertise pluridisciplinaire et indépendante (représentants des professionnels de santé, des sciences économiques, humaines et sociales). Chaque membre est soumis à une déclaration publique de ses conflits d'intérêts dans le but d'exclure du vote tout membre présentant un conflit d'intérêts majeur. Les experts présentant un conflit d’intérêts jugé comme majeur ne peuvent participer aux débats ni au vote relatif au vaccin en question ou un vaccin concurrent. [47]
La déclaration des liens d'intérêts via la base « Transparence Santé »
La base de données publiques Transparence Santé rend accessible l'ensemble des informations déclarées par les entreprises sur les liens d'intérêts qu'elles entretiennent avec les acteurs du secteur de la santé.[20] La loi du 29 décembre 2011[36], dans l'objectif de garantir l’indépendance et l’impartialité des décisions prises en matière de santé, impose la transparence des liens entre les industries de santé et les autres acteurs du champ de la santé (professionnels de santé, étudiants, sociétés savantes). Trois types de liens d'intérêts sont déclarés : les conventions (actions de recherche ou de formation), les avantages (don de matériel, repas, hébergement) et les rémunérations (en contrepartie d'un travail ou d'une prestation). [20]
Elle est devenue obligatoire pour les personnels de la HAS [32] et des agences sanitaires nationales. Cette déclaration est établie avant la prise des fonctions et est révisée annuellement. Il peut s'agir de 5 types de conflits :
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Une activité principale dans une entreprise qui commercialise ou produit des médicaments pouvant être l'objet d'une évaluation ou d'un avis
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La participation financière au capital d'une entreprise ;
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Les activités personnelles réalisées auprès de l'industrie : rôle de consultant, participation à des essais, participation à des congrès, rédaction d'articles financés par l'industrie, etc. ;
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La participation à une instance décisionnelle d'une activité bénéficiant d'un financement par une entreprise ;
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Un lien familial avec une personne ayant des responsabilités dans l'entreprise ;
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Autres (possession de brevet ou droit d'auteur, existence de proches salariés ou possédant des intérêts financiers dans une entreprise, etc.).
La politique de gestion des conflits d'intérêts pour les auteurs et les éditeurs de journaux
Le comité international des éditeurs de journaux médicaux (ICMJE) a rédigé en 2013 un nouvel ensemble de recommandations où il présente des exigences communes pour tous les articles qui sont soumis aux journaux médicaux (concernant la rédaction et l'édition des publications biomédicales). L’objectif est d’aider les auteurs, les rédacteurs et les autres intervenants dans l’évaluation par des pairs et la publication biomédicale à produire et à diffuser des articles précis, clairs et impartiaux. Ces recommandations insistent notamment sur : [34]
-
La divulgation de toutes les relations qui pourraient être considérées comme présentant un conflit d'intérêts potentiel dès leur soumission pour publication par les auteurs et aussi par les relecteurs. En cas de conflit d'intérêts, tout membre du comité de rédaction (qui décide de la publication ou non de l'article dans la revue) doit se récuser de participer aux décisions éditoriales.
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La responsabilité de maintenir disponibles les données sources et les méthodes d’analyse pour pouvoir être ré-analysées si besoin (au minimum pendant 10 ans).
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La publication de toutes les études (même celles ayant un résultat négatif ou remettant en cause des opinions acceptées).
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L'obligation d'enregistrer les essais cliniques dans un registre public d'essais avant toute publication dès le début de l'étude.
Certains éditeurs de journaux scientifiques ont également mis en place leur propre politique de gestion des conflits d'intérêts, comme le BMJ où la déclaration de conflits d'intérêts significatifs peut conduire à un refus de publication en fonction du type d'article rédigé.[29]
Le respect de l'éthique lors des relations médecins-industrie
Récemment, certains groupes pharmaceutiques, comme la fondation PhrMA qui représente des sociétés de recherche biopharmaceutique aux Etats-Unis, ont adopté un code éthique concernant les interactions avec les professionnels de santé. [28]
Les grands groupes pharmaceutiques impliqués dans le marché des vaccins ont également rédigé leur propre code concernant leur politique de financement et l'éthique de leurs interactions avec les professionnels de santé. Il peut s'agir d'un meilleur contrôle de l'information délivrée (sur l'information elle-même, le retour et la déclaration en pharmacovigilance d'informations transmises par les professionnels de santé, l'interdiction de la remise de cadeaux ou d'échantillons); d'une rémunération différente des délégués médicaux (basée sur la qualité de l'information plutôt que sur des objectifs de vente); du financement d'organismes de formations médicales continues, en garantissant leur indépendance, notamment sur le contenu de la formation; de l'arrêt de la rémunération des médecins promouvant les médicaments. [37], [40], [42]
Depuis 2004, une charte signée par le CEPS et le LEEM encadre les pratiques promotionnelles des laboratoires pharmaceutiques. Cette charte a été actualisée en 2014. Le référentiel, publié par la HAS, permet d'évaluer ces pratiques en fonction de la qualité de l'information promotionnelle ; la formation et l'évaluation des personnes exerçant cette activité ; les règles de déontologie s’appliquant à ces personnes et à leurs accompagnants. [33]
L'enregistrement prospectif des essais
L'enregistrement prospectif des essais cliniques permet d'assurer une meilleure transparence. Elle s'effectue aux Etats-Unis sur le site "clinicalTrials.gov" depuis l'an 2000 [22] et en Europe sur EudraCT mis en place par l'agence européenne du médicament en 2004. [21], [30]
Cet enregistrement est imposé pour obtenir l'autorisation de l'essai clinique et l'approbation du comité d'éthique, pour tous les essais cliniques interventionnels portant sur des médicaments depuis 2004. [38] Le 21 juillet 2014, l’EMA a rendu obligatoire pour les sponsors d’essais cliniques de publier les résultats sur la plateforme EudraCT.[31] L’"International Committee of Medical Journal Editors" (ICMJE) impose aux éditeurs de revues médicales de s’assurer que les essais cliniques mentionnés soient enregistrés sur un registre public au moment, ou avant, la participation du premier patient et l'encourage fortement pour les autres méthodologies (études observationnelles, etc.). [34]
Sources
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Code de la sécurité sociale - Article R161-85. Code de la sécurité sociale.
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Les déterminants de la politique vaccinale [Internet]. Disponible sur: http://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=ad711430.pdf
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Dispositif anti-cadeaux : quels sont les seuils ? [Internet]. [cité 23 mai 2022]. Disponible sur: https://cms.law/fr/fra/publication/publication-de-certains-seuils-relatifs-a-l-application-du-dispositif-anti-cadeaux
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L'Economie du Vaccin
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ÉCONOMIE DES INDUSTRIES VACCINALES
Le Chiffre d'Affaires des industries du vaccin
La part de marché des produits de vaccination
Les explications d'une telle croissance
Économie des industries vaccinales
Le marché des vaccins connaît une forte croissance économique mais il ne représente qu'une faible part du marché des compagnies pharmaceutiques.
Le Chiffre d'Affaires des industries du vaccin
Il faut bien noter la différence entre le chiffre d'affaires et le bénéfice pour l'entreprise. En effet, la fabrication d'un vaccin est une étape longue et coûteuse. Selon l'entreprise française Sanofi, le développement d'un vaccin demande 14 à 25 ans avec un coût global allant de 300 millions à 1 milliard de dollars. [10] Une fois que ce nouveau vaccin est sur le marché, le coût de production d'un seul lot de vaccin est estimé entre 500 et 800 millions d'euros et prend jusqu'à 15 mois, selon le rapport du Sénat. [10]
A l'échelle Mondiale
Selon les entreprises du médicament (LEEM), le chiffre d'affaires estimé de l'industrie du vaccin en 2012 est de 20.3 milliards et celui de 2016 est de 42.3 milliards d'euros. Le vaccin ne représente qu’une très faible part du marché pharmaceutique mais il est caractérisé par une forte croissance (14% par an depuis 2002 contre 5 à 7% par an pour les autres médicaments). [3], [6], [9]
Jusqu’à la fin des années 1980, les vaccins représentaient une activité marginale pour l’industrie pharmaceutique ; la production était le fait de petits laboratoires publics dans chaque pays. La mondialisation et la production de nouveaux vaccins à prix unitaire élevé, ont poussé les groupes pharmaceutiques à acquérir ces laboratoires. De ce fait, selon le rapport du PATH (Program for Appropriate Technology in Health) publié en 2016, quatre groupes pharmaceutiques se partagent actuellement les ¾ du marché du vaccin. Il s'agit de GlaxoSmithKline-Novartis (33% de la part de marché en 2012), Sanofi-Pasteur (17%), Pfizer (13%) et Merck (12%).[1], [9], [10]
En Europe
L’Europe concentre 65% des projets de recherche, 60% des capacités de production (en nombre d’usines et en nombre de salariés) et 80% de la production mondiale (en nombre de doses) de vaccin soit 3.5 milliards de doses par an. [3], [6]
En France
En 2017, le chiffre d'affaires total du marché français des médicaments représentait environ 54 milliards d'euros dont 25.1 milliards d'euros concernant les médicaments exportés. [4] Concernant le chiffre d'affaires des vaccins, celui-ci a diminué de 2012 à 2016 passant de 463.4 millions à 426.3 millions d'euros (diminution de 12.4%) pouvant s'expliquer par la diminution du nombre d'injections de vaccin recommandé dans les calendriers vaccinaux. [11]
En France, l'industrie du vaccin est principalement tournée vers l'exportation : 85% de la production vaccinale française est exportée. Cette production représente environ 6000 emplois directs selon les entreprises du médicament.[6]
L’industrie pharmaceutique est aujourd’hui l’un des secteurs clés de l’économie française avec un chiffre d’affaires de 62,1 milliards d’euros, dont 50% à l’exportation, et près de 100.000 salariés. [12]
Si l'on prend l'exemple du groupe pharmaceutique français Sanofi en 2020
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Le chiffre d'affaires total du marché mondial pour l'ensemble des médicaments (hors santé animale) est de 65 milliards d'euros. [2], [8]
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Le chiffre d'affaires pour le marché mondial des vaccins est de 5.97 milliards d'euros, dont 2.47 milliards pour le vaccin anti-grippal et 1.749 milliards pour le vaccin pentavalent. [2], [7]
La part de marché des produits de vaccination
En 2017, les vaccins les plus vendus dans le monde sont : Prevenar-13 (20.6% des parts de marché mondial) ; Gardasil (8.6% des parts de marché mondial) ; Pentacel (7.5% des parts de marché mondial) ; Fluzone (6.5% des parts de marché mondial) ; Bexsero (1.9% des parts de marché mondial). [5]
Les explications d'une telle croissance
La production vaccinale est particulièrement rentable. Cette rentabilité résulte de plusieurs caractéristiques spécifiques aux vaccins : [3], [10]
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ils ne peuvent pas faire l’objet de génériques du fait : du coût et de la complexité de leur processus de production et, que contrairement aux autres médicaments, la bioéquivalence n'est pas suffisante ;
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l’amortissement des frais de recherche peut se poursuivre beaucoup plus longtemps que pour les autres médicaments ;
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ils ne s’adressent pas à la part d’une population atteinte d’une pathologie spécifique mais à l’ensemble de celle-ci.
Sources
Littérature grise
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Sanofi SA : chiffre d’affaires mondial 2016 | Statistique [Internet]. Statista. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://fr.statista.com/statistiques/506904/chiffre-d-affaires-sanofi/
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Vaccins : convaincre et innover pour mieux protéger [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.senat.fr/rap/r06-476/r06-476_mono.html#toc93
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