Coût des vaccins et de la politique vaccinale

         

Coût des vaccins et de la politique vaccinale

         

Coût des vaccins

           

Le prix des vaccins
La prise en charge de la vaccination en France
Le remboursement du vaccin
Le remboursement de l’injection
Des progrès encore réalisables ?
La gratuité est-elle une solution pour améliorer l’adhésion à la vaccination ?
Qui fixe le prix et le remboursement des vaccins ?

                

Le coût de la vaccination fait partie des freins recensés lors de l’étude de l’hésitation vaccinale. Cependant, parmi les études incluses dans ce travail de recherche, aucune de celles réalisées en France n’a évoqué cette limite. Le principal pays cité sur ce sujet sont les États-Unis, notamment dû à une insuffisance de couverture par les mutuelles.[1]

        

Le prix des vaccins

En 2017, le coût total dépensé dans les vaccins (tous confondus) en France était de 500 millions d’euros.[15]

 

Voici une liste non exhaustive du prix des principaux vaccins utilisés en pratique : [8]

Maladies

Vaccins

Prix (TTC)

Diphtérie Tétanos Poliomyélite (dTP)

REVAXIS

9.17€

DTP-Ca

dTP-ca

INFANRIX TETRA

TETRAVAC ACELLULAIRE

BOOSTRIXTETRA

REPEVAX

13.39€

13.39€

24.87€

22.06€

22.06€

DTP-Ca- haemophilus influenzae b - hépatite B

INFANRIX HEXA

HEXYON

VAXELIS

35.87€

35.29€

33.61€

Grippe saisonnière

INFLUVAC TETRA

VAXIGRIP TETRA

EFLUELDA

12.13€

12.13€

31.27€

Hépatite B

ENGERIX B20 / B10  

HBVAXPRO 10 / 5

16.17€ / 9.56€

15.41€ / 9.13€

Méningocoque C

NEISVAC / MENJUGATE

20.85€

Méningocoque B

BEXSERO

84.08€

Rougeole-oreillons-Rubéole

M-M-RVAXPRO

PRIORIX

13.27€

13.27€

Papillomavirus

CERVARIX

GARDASIL 9

94.41€

116.22€

Pneumocoque 13 valent

PREVENAR 13

50.60€

Zona

ZOSTAVAX

104.74€

 

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La prise en charge de la vaccination en France

      

Il faut distinguer d’une part la prise en charge du produit vaccinal et d’autre part l’administration du vaccin, car elles ne sont pas forcément les mêmes [4] : par exemple, le vaccin contre la grippe est pris en charge à 100% (si recommandé) alors que son injection est pris en charge dans les conditions habituelles de remboursement (70% par un médecin en libéral par exemple).  

           

Le remboursement du vaccin

La liste des vaccins pris en charge par l’assurance maladie est fixée par arrêté ministériel. Globalement, tous les vaccins recommandés ou obligatoires en population générale inscrits au calendrier vaccinal en vigueur sont concernés [7]. Sauf cas particulier (voir ci-dessous), ils sont remboursés à 65% sur prescription médicale. On retrouve donc : [14]

 

Le montant restant est généralement remboursé par les complémentaires santé (mutuelles)[4] :

  • Selon les données de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) en 2019, 89% des personnes bénéficient d’un contrat de complémentaire santé privé et 6% de la CMU-C. Cela signifie que seul 5.0% des individus ne sont pas couverts par une complémentaire santé (le manque de moyen est évoqué comme première raison à 53%).[5]

 

  • Les bénéficiaires de la CMU-C et de l’AME (Aide Médical d’État) bénéficient d’une prise en charge du vaccin et de l’injection à 100% sans avance de frais.[4]

 

Cas particuliers : 

Certains vaccins sont pris en charge à 65% uniquement sous certaines conditions :

  • Le vaccin contre l’hépatite A chez l’adulte (>16 ans) n’est remboursé qu’en cas de mucoviscidose ou de la maladie hépatique chronique active.[4]

  • Le vaccin contre la varicelle dans les populations recommandées (cf calendrier vaccinal).[8][16]

  • Le vaccin anti-HPV (Gardasil 9) est remboursé à 65% selon les recommandations générales et particulières du calendrier vaccinal (adolescents filles et garçons âgés de 11 à 19 ans, hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes jusqu'à 26 ans et personnes immunodéprimées).[6]

Certains vaccins sont au contraire pris en charge à 100%, le ticket modérateur étant alors complété par le FNPEIS (Fond National de prévention, d’éducation et d’information en santé) : [7][14]

  • Le ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole) pour les enfants et les jeunes de 12 mois à 17 ans révolus.

  • Le vaccin contre la grippe saisonnière pour les populations à risque pour lesquelles le vaccin est recommandé (maladies chroniques, plus de 65 ans, professionnels de santé …) mais il n’est pas remboursé pour les autres personnes.

Le vaccin contre le Zona (ZOSTAVAX) n’est remboursé qu’à hauteur de 30% en raison de son service médical rendu modéré selon l’avis de la HAS. [12]

 

Enfin, certains vaccins sont recommandés (voire obligatoire) pour partir dans certains pays étrangers (fièvre jaune, choléra, typhoïde…), toutefois ils ne sont pas pris en charge par l’Assurance Maladie. Certaines mutuelles prennent en charge ces vaccins à hauteur variable selon le contrat souscrit.[7]

 

Depuis le 1er juin 2020, les vaccins remboursables du calendrier des vaccinations administrés dans les centres de vaccination antiamarile, à l'occasion de la vaccination du voyageur par les professionnels de santé de ces centres, sont pris en charge par l'assurance maladie obligatoire, pour la part obligatoire. [17]

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Le remboursement de l’injection

Le système libéral effectue 85% de toutes les vaccinations.[7] L’administration du vaccin est pris en charge par l’assurance maladie selon les conditions habituelles: [2][14]

  • Lorsque la vaccination est réalisée par un médecin ou une sage-femme en libéral ou en centre de santé, la consultation est pris en charge par l’assurance maladie à 70%.

  • Lorsque la vaccination est réalisée par un infirmier sur prescription médicale, la prise en charge de l’acte est de 60%

La part restante est prise en charge par les complémentaires santé (mutuelles). [4]

 

Certaines conditions spécifiques permettent la gratuité ou la prise en charge à 100% :

  • Pour les patients en ALD (pour les vaccins indiqués) ainsi que pour les femmes enceintes (à partir du 6e mois de grossesse), la vaccination est prise en charge à 100%.

  • Les vaccins fournis et leur administration réalisée dans les établissements et organismes habilités selon décret sont gratuits. Ces centres sont : [2][3][4]

    • Les PMI pour les enfants de moins de 6 ans et femmes enceintes,

    • Les centres de vaccination

    • Les CeGIDD : Centre Gratuit d’Information de Dépistage et de Diagnostic des infections)

    • Certains centres ayant une activité de prévention (services communaux d’hygiène et de santé, médecine universitaire, etc.)

 

Selon l’article L3111-4 du code santé publique, les vaccins obligatoires et recommandés en fonction de la profession doivent être pris en charge par l’établissement ou l’organisme employeur.[3] Pour les professionnels de santé exerçant en libéral, les vaccins et leur injection sont prise en charge dans les mêmes conditions que pour la population générale (sauf pour le vaccin anti-grippal qui est pris en charge à 100 % pour les professionnels libéraux en contact étroit avec des sujets à risque de grippe sévère).[2]

 

Des progrès encore réalisables ?

Selon le rapport du HCSP (Haut Conseil en Santé Publique) de 2014, le dispositif public de vaccination actuel est complexe et inégalitaire : [7]

  • Complexe du fait de la multiplicité des structures de vaccination (libéral, centres de vaccination, PMI, CeGIDD, services universitaires…) avec des statuts et des modes de financement différents ne leur permettant pas, bien souvent, d’assumer correctement leurs missions en termes de vaccination.

  • Inégalitaire car l’offre gratuite de vaccins est variable d’un département à l’autre, d’une population à une autre et d’un vaccin à un autre.

 

Plusieurs recommandations ont été émises par le HCSP, avec notamment : [7]

  • La gratuité : tous les vaccins obligatoires et recommandés inscrits au calendrier vaccinal en vigueur devraient être sans reste à charge pour les personnes concernées ou leur famille.

  • Une cohérence dans l'offre de la vaccination à travers le territoire, sur la base d’un statut unique des centres de vaccination publics et d’une offre gratuite de vaccination.

  • La promotion des centres publics de vaccination par une campagne d’information active.

  • Favoriser le principe de gratuité en promouvant le tiers payant et en orientant les patients sans complémentaire santé vers les structures publiques de vaccination.

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La gratuité est-elle une solution pour améliorer l’adhésion à la vaccination ? 

Selon le rapport sur la politique vaccinal établit en 2016, le reste à charge des patients (pour les vaccins non remboursés à 100%) n’est pas apparu comme un frein à la vaccination lors des auditions effectuées.[9] Par exemple, le taux de couverture vaccinal n’est pas meilleur pour les vaccins remboursés à 100% par l’assurance maladie (grippe pour les populations ciblées et ROR) que ceux remboursés à 65%. La gratuité n’apparaît pas comme un vecteur d’adhésion supplémentaire à la vaccination, alors que cela coûterait 170 millions d’euros de plus à l’assurance maladie.

      

Mais ce constat est fait dans un système actuel où des alternatives existent déjà :

  • Le reste à charge est actuellement remboursé par les complémentaires (dont bénéficient 95% des Français). [5]

  • Les bénéficiaires de la CMU-C et de l’AME (Aide Médical d’État) bénéficient d’une prise en charge du vaccin et de l’injection à 100% sans avance de frais. [4]

  • Des dispositifs permettant la gratuité de la vaccination existent déjà, avec notamment les PMI et les centres de vaccination par exemple.[9]

 

A noter que pour les vaccins particulièrement coûteux (par exemple le vaccin anti-HPV), l’aspect financier a parfois été cité, mais il reste un frein secondaire et d’autres raisons (comme l’inquiétude des effets secondaires) sont mises en avant. Il faut rester vigilant toutefois au coût que cela nécessite pour les patients devant avancer le ticket modérateur.[9]

 

Ainsi, selon ce rapport :  “L’absence de reste à charge pour les patients doit constituer l’objectif prioritaire et non la gratuité“.

           

           

Qui fixe le prix et le remboursement des vaccins ?

             

Après avoir obtenu l’Autorisation de Mise sur le Marché (par l’ANSM), l’entreprise pharmaceutique qui souhaite que son produit soit remboursable doit déposer une demande à la HAS :[9][10][11]

  • La commission de transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) va définir le service médical rendu (SMR) et l'amélioration du service médical rendu (ASMR) par rapport aux traitements disponibles.

  • Cette évaluation permet à l'union nationale des caisses d'assurance maladie (UNCAM) de définir le niveau des remboursements (remboursement à 65% pour un SMR jugé important par exemple, ou décision de non-remboursement pour un SMR insuffisant).

  • Puis le Comité Économique des Produits de Santé (CEPS) discute avec l'entreprise pharmaceutique afin de fixer le prix fabriquant hors taxe du vaccin (sur la base de l'ASMR, du prix des vaccins déjà existants, du volume de vente envisagé, de la population cible et des prix pratiqués à l'étranger). A ce montant s’ajoute la marge liée aux différents intermédiaires pour aboutir au prix de vente en officine.

  • La décision finale du remboursement relève du ministère de la santé : un arrêté inscrit le vaccin sur la liste des spécialités médicales admises au remboursement, et un autre arrêté fixe son prix.

 

Il existe donc plusieurs prix des vaccins :

  • Le prix fabricant hors taxe (PFHT) fixé par le CEPS.

  • Le prix de vente en officine qui correspond au PFHT auquel s’ajoute une marge liée aux intermédiaires (grossistes, répartiteurs, officine) qui interviennent dans la distribution. Il est fixé par décret et sert de base au remboursement de la sécurité sociale.

  • Le prix payé par les centres de vaccination et de PMI après négociation avec le laboratoire pharmaceutique en fonction de la quantité d’achat.

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Sources

      Littérature grise

  1. Isabelle Mahe, Pierre-André Attard, Michel Bismuth. Les freins à la vaccination : revue systématique de la littérature. 2014;66.

  2. Remboursement des vaccins [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://vaccination-info-service.fr/Questions-frequentes/Questions-pratiques/Remboursement-des-vaccins

  3. Code de la santé publique | Legifrance [Internet]. [cité 25 mai 2022] Disponible sur: https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idSectionTA=LEGISCTA000006171171&cidTexte=LEGITEXT000006072665

  4. Prise en charge financière des vaccinations [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://professionnels.vaccination-info-service.fr/Aspects-pratiques/Acte-vaccinal/Prise-en-charge-financiere-des-vaccinations

  5. oc2016.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/oc2016.pdf

  6. Le vaccin Gardasil 9 dans les pharmacies dès le mo... - MesVaccins.net [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.mesvaccins.net/web/news/12680-le-vaccin-gardasil-9-dans-les-pharmacies-des-le-mois-d-aout-2018

  7. HCSP. Politique vaccinale et obligation vaccinale en population générale [Internet]. Paris: Haut Conseil de la Santé Publique; 2014 mars [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=455

  8. Vaccins - MesVaccins.net [Internet]. [cité 25 mai 2022] Disponible sur: https://www.mesvaccins.net/web/vaccines

  9. Hurel MS. Rapport sur la politique vaccinale. 122. Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_sur_la_politique_vaccinale_janvier_2016_.pdf

  10. La fixation des prix et du taux de remboursement [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://vaccination-info-service.fr/index.php/Generalites-sur-les-vaccinations/Politique-vaccinale-en-France/Fixation-du-prix-et-du-taux-de-remboursement-des-vaccins

  11. Les déterminants de la politique vaccinale [Internet]. Disponible sur: file:///D:/Users/legra/Downloads/ad711416.pdf

  12. CT-13478_ZOSTAVAX_PIC_Ins_Avis3_CT13478.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/evamed/CT-13478_ZOSTAVAX_PIC_Ins_Avis3_CT13478.pdf

  13. 20121016 Politique Vaccinale.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/EzPublish/20121016_Politique_vaccinale.pdf

  14. Prise en charge de la vaccination [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.ameli.fr/assure/remboursements/rembourse/medicaments-vaccins-dispositifs-medicaux/vaccination

  15. cns 18.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/cns18.pdf

  16. calendrier vaccinal 2018.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://solidarites-sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/calendrier-des-vaccinations-2018

  17. Remboursement des vaccins [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://vaccination-info-service.fr/index.php/Questions-frequentes/Questions-pratiques/Remboursement-des-vaccins

Coût de la politique vaccinale

      

Coût de la vaccination pour la société
Le coût des vaccins
Les autres coûts associés
La vaccination, une intervention rentable pour la société ?
Comment le vaccin peut-il être rentable
L’évaluation médico-économique
Les données des pays développés
Les données dans le monde
Économies des industries vaccinales

          

Coût de la vaccination pour la société

            

Le coût des vaccins

Le coût total dépensé dans la vaccination est de 500 millions d’euros en 2017. [9]

- Pour l’assurance maladie, le coût des vaccins (tous régimes confondus) s’élève à 310 millions d’euros en 2016, hors consultations et actes de la vaccination. Cela représente environ 1% de la consommation en médicaments (données de 2016) [3], et environ 1 millième du budget de l’assurance maladie (selon les données de 2011).[1]

- L’extension de l’obligation vaccinale de 3 à 11 vaccins ne représente qu’un coût modeste pour l’assurance maladie, estimé à 12 millions d’euros pour 2018.[3]

- La prise en charge (sous conditions) pour le ROR et la grippe par le FNPEIS (Fond National de prévention, d’éducation et d’information en santé) s’élève à 20 millions d’euros.[1]

- Il faut également tenir compte des coûts des vaccins fournis gratuitement par les structures publiques de vaccination (PMI, centres de vaccination, hôpitaux, CeGIDD) et les centres de médecine préventive universitaires qui bénéficient d’un budget spécifique.[1]

 

Si le coût a augmenté entre 2004 et 2011 de près de 40%, essentiellement lié à l’évolution des recommandations concernant la vaccination contre le pneumocoque et le papillomavirus, il a eu tendance à diminuer de 2012 à 2016. La principale raison est la réduction du nombre d’injections liée à la simplification du calendrier vaccinal (baisse de 12.4% du nombre d’unités vendues entre 2012 et 2016 selon l’ANSM).[1][3]

Selon les données de 2011, les vaccins représentant les coûts les plus élevés sont par ordre décroissant : les vaccins combinés DTP-Ca-hib, le vaccin antipneumococcique, le vaccin anti-HPV, le vaccin anti-méningococcique, le vaccin anti-hépatite B, le vaccin antigrippal et le vaccin ROR. Cependant, le coût par personne vaccinée est nettement plus conséquent pour les vaccins anti-HPV et anti-pneumocoque.[8]

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Les autres coûts associés

D’autres coûts sont également à prendre en compte, comme : [7]

  • Le coût du suivi des programmes vaccinaux au sein de l’organisme Santé Publique France, estimé à 1.5 millions € annuels ;

  • Le coût des campagnes de communication sur la vaccination financées par le FNPEIS (Fond National de prévention, d’éducation et d’information en santé) et le CNAMTS (Caisse nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés), estimé entre 7 et 8 millions € par an ;

  • Les indemnisations à la suite d'un accident médical lié à une vaccination obligatoire représentent 700 000€ par an (à l’époque des 3 vaccins obligatoires) pour environ 20 dossiers par an.

             

La vaccination, une intervention rentable pour la société ?

         

Selon l’OMS, la vaccination est l’une des interventions de santé publique les plus économiquement rentables des temps modernes. Son coût est faible mais améliore considérablement la santé des populations. [4]

 

Comment le vaccin peut-il être rentable ?

Pour comprendre l’impact de la vaccination, deux types de coûts liés à la maladie sont à différencier : [7][11]

  • Les coûts directs, liés à la prise en charge de la maladie et à son traitement (traitement des cas, complications, séquelles ; soins ambulatoires, hospitalisations suivies ou non de décès ; frais de transport...).

  • Et les coûts indirects, liés à la perte de productivité d’un point de vue économique et social (absence de l’employé par la maladie, par le handicap ou le décès ; absence professionnelle de l’aidant, de la famille etc.)

 

La maladie à prévention vaccinale coûte cher à la société et à l’Assurance Maladie. En effet, celle-ci rembourse une partie des honoraires médicaux et des médicaments, et paie les indemnités journalières liées aux arrêts de travail : par exemple, selon les données du GROG, chaque million de cas de grippe coûte environ 100 millions d’euros, soit en moyenne 400 à 500 millions d’euros par épidémie en France.[7]

 

L’avantage de la vaccination est de prévenir les deux types de coûts. Pour reprendre l’exemple de la grippe, une étude américaine dans les années 1990 a montré l’impact économique de la vaccination (calcul basé pour un groupe de 100 sujets) : [7]

  • Sur les coûts directs : la vaccination coûte 1000$ à laquelle s’ajoute 70$ pour les visites à cause d’un effet secondaire. Les visites évitées pour maladie permettent d’économiser 1680$. Le bénéfice direct est de 610$.

  • Sur les coûts indirects : le temps perdu par la vaccination et les effets secondaires du vaccin coûtent 800$, mais le temps de travail sauvé (52 jours) permet d’économiser 5000$. Le bénéfice indirect est de 4200$.

  • Au total, le bénéfice total pour 100 individus vaccinés est de 4810$.

 

Ainsi, non seulement la vaccination permet de réaliser des économies importantes concernant le coût des traitements, mais ses répercussions sont encore plus larges d’un point de vue économique. En évitant les séquelles physiques et psychiques des infections à prévention vaccinale, elle diminue le risque d’invalidité et permet aux individus de pouvoir exercer une activité professionnelle et être actif dans la société. [4]

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L’évaluation médico-économique

Il existe plusieurs méthodes d’évaluation médico-économique : [13]

  • Les études de minimisation des coûts : leur but est de déterminer la stratégie qui optimise les coûts parmi plusieurs stratégies ayant une efficacité clinique comparable.

  • Les études “coût-bénéfice” : elles comparent les coûts de stratégies médicales avec leurs bénéfices sanitaires mesurés en quantités monétaires. Elles sont donc purement économiques.

  • Les études “coût-efficacité” : elles permettent de déterminer la stratégie à adopter pour atteindre un objectif d’efficacité médicale (ex : gain en survie) pour un coût minimum, ou atteindre l’efficacité maximale pour un budget fixé. Ce sont les études les plus fréquentes concernant la vaccination.

  • Les analyses dites “coût-utilité” : Elles sont similaires aux études coût-efficacité mais intègre la dimension de “qualité de vie” dans l’indicateur d’efficacité médicale. Elles utilisent le critère QALY (Quality Adjusted Life Year), correspondant au nombre d’années de vie de bonne qualité gagnées. Cela permet de ne pas avoir un critère économique pur, mais médico-économique. La plupart des études utilisent désormais ce critère.[8]

 

En France, l’évaluation médico-économique des produits de santé innovants et coûteux n’a été introduite que tardivement (2012). Mais la vaccination est pionnière dans ce domaine, puisque les vaccins bénéficient d’une évaluation médico-économique depuis 1997. C’est au CTV (Comité Technique de la Vaccination, désormais rattaché à la HAS) qu’incombe la tâche de réaliser et d’étudier les études médico-économiques afin d’établir les stratégies vaccinales des nouveaux vaccins.[14] Cet avis est ensuite pris en compte par la HAS afin de déterminer si un vaccin doit bénéficier d’un remboursement ou non et à quel taux.[2]

 

L’impact médico-économique des programmes de vaccination est donc un élément majeur intervenant dans la prise de décision de la stratégie vaccinale et du remboursement du vaccin.

 

Les données dans les pays développés

De nombreuses évaluations “coût-efficacités” (cost-effectiveness en anglais) sont réalisées afin d’évaluer la rentabilité des vaccins. Celles-ci n’ont pas fait l'objet d’une recherche systématique de la littérature, car elles ne constituent pas un frein à la vaccination.

 

Un rapport intitulé “Benefits from Immunization During the Vaccines for Children Program Era — United States, 1994–2013”, a été publié en 2014 par le CDC.[12] Celui-ci évalue l’impact de la vaccination systématique des cohortes de naissances aux États-Unis entre 1994 et 2013, correspondant à la date de lancement du programme VFC (“Vaccine For Children”).[11]

Les vaccins concernés sont : diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite, Hib, hépatite B, rougeole, oreillons, rubéole, varicelle, pneumocoque (7 puis 13 valents) et rotavirus. L’analyse prend en compte d’une part les bénéfices en termes de coûts directs (médicaux ou non) et d’autre part les coûts indirects (perte de productivité). Parallèlement sont comparés les coûts de la vaccination (les vaccins, leurs administrations, les déplacements des parents, le temps de travail perdu et les effets indésirables associés aux vaccins).[11]

Selon les données de la modélisation, parmi les enfants nés entre 1994 et 2013, la vaccination préviendrait environ au cours de leur vie : [12]

  • 322 millions de maladies (variant de 3000 pour le tétanos à 70 millions pour la rougeole) ;

  • 21 millions d’hospitalisations (dont le maximum pour la rougeole avec 8.9 millions) ;

  • Et 732 000 décès prématurés (dont 507 000 décès uniquement pour la diphtérie).

Sur le plan économique, la vaccination systématique des enfants :

  • Permet d’éviter 402 milliards de dollars de coûts directs pour un prix direct de la vaccination de 107 milliards.

  • Permet d’économiser 1 500 milliards de dollars en coûts indirects (sociétaux) pour un prix de 121 milliards de dollars.

Cela représente donc, au total, une économie nette de 295 milliards de dollars en coûts directs et 1 380 milliards de dollars en coûts sociétaux. Autrement dit, chaque dollar investi dans la vaccination entraîne une économie de 9 dollars au total.


Un rapport Français, réalisé par l’INSERM, a passé en revue la littérature concernant l’analyse médico-économique de plusieurs vaccins. Les auteurs concluent que la plupart des évaluations économiques sont très en faveur des programmes de vaccination. Cependant, le rapport date de 1999, ce qui limite le nombre d’analyses et ne permet pas d’obtenir des informations sur les derniers vaccins introduits. De nombreuses analyses de pays développés sont présentées mais les données françaises sont peu nombreuses. Dans l'ensemble, il ressort un impact médico-économique favorable concernant la vaccination contre l’Hib, le ROR, la coqueluche, le rotavirus (étude nord-américaine) et la grippe chez le sujet âgé. En revanche, l’impact économique est plus incertain concernant le tétanos et la poliomyélite, essentiellement par manque d’études. [13]

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Les données dans le Monde

Les données mondiales relatives au rapport coût-efficacité de la vaccination permettent d’affirmer la rentabilité économique de la vaccination. Pour exemple :

  • L’éradication de la variole dans le monde a coûté 100 millions de Dollars sur dix ans jusqu'en 1977, mais elle a permis d’économiser depuis cette époque 1,3 milliards de Dollars par an en frais de prévention et de traitement. [6]

  • Depuis le lancement de l’initiative pour l’éradication mondiale de la poliomyélite en 1988, 5 millions d’individus sains aujourd’hui seraient sans la vaccination, paralysés par le virus de la poliomyélite. Ceci serait à l’origine de coûts sociétaux importants.[4]

  • La vaccination des enfants dans les pays en développement, permet la régression des invalidités de longue durée et des économies en frais de visites et d’hospitalisation, comme par exemple le vaccin anti-pneumococcique (réduction de 39% des hospitalisations pour pneumopathies) et le vaccin anti-rotavirus (réduction de 95% des consultations et hospitalisations pour diarrhées à rotavirus).[6]

 

Le constat va même plus loin. Selon une étude effectuée par l’École de santé publique de l’Université Harvard, la vaccination, en participant à maintenir les enfants scolarisés et en bonne santé, contribue à augmenter l’espérance de vie et le temps consacré à des activités productives, ce qui contribue à faire régresser la pauvreté. [6]

 

En 2012, l’Assemblée mondiale de la Santé a établi “le Plan d’action mondial pour les vaccins” (visant à favoriser un accès universel à la vaccination à travers le monde), estimant la possibilité d’éviter des millions de décès et de générer un bénéfice économique représentant des milliards de dollars sur la décennie 2012-2020. [5]

 

En 2017, une étude présentée par l’OMS a estimé l’impact économique de 10 vaccinations dans 73 pays à revenu faible et intermédiaire entre 2001 et 2020. Les vaccins concernés sont : Haemophilus influenzae b, l’hépatite B, le papillomavirus, l’encéphalite japonaise, la rougeole, le méningocoque A, le rotavirus, la rubéole, le pneumocoque et la fièvre jaune. Les bénéfices ont été calculés sur les traitements évités, les coûts de transport, la perte de productivité des soignants non professionnels et la perte de productivité pour cause d’invalidité ou de décès. Selon les estimations, si le taux de couverture vaccinale souhaité était atteint, les bénéfices sur cette période de 20 ans seraient les suivants : [10]

  • Éviction de plus de 20 millions de décès, 500 millions de cas de maladies, 70 millions d’hospitalisations, 9 millions de handicap soit une économie de 347 milliards de dollars (US) en coût de santé, répartie de la manière suivante :

    • 332 milliards en évitant la perte de productivité lié aux décès ;

    • 9.4 milliards en évitant la perte de productivité lié au handicap ;

    • 4,5 milliards en coût de traitement évité

    • 886 millions en évitant la perte de productivité de l’aidant

    • 490 millions en coût de transport

  • Les coûts en termes de traitements chez les cohortes d’individus vaccinés seraient réduits de 5 millions de dollars (US) par an en moyenne pour chaque pays étudié ;

  • Au total, le gain économique et social au sens large est estimé à 820 milliards de Dollars (US) en 20 ans.

Selon les auteurs, L’impact de la vaccination dépasse donc le domaine de la santé, car il permet d’éviter d’importants coûts et une augmentation potentielle de la productivité économique de certains pays les plus pauvres du monde.”

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Économie des industries vaccinales

        

Voir l’article : “Lobby pharmaceutique et les conflits d’intérêts des experts”

         

Sources

     Littérature grise

  1. HCSP. Politique vaccinale et obligation vaccinale en population générale [Internet]. Paris: Haut Conseil de la Santé Publique; 2014 mars [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=455

  2. Hurel MS. Rapport sur la politique vaccinale. :122. Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_sur_la_politique_vaccinale_janvier_2016_.pdf

  3. 06-politique-vaccinale-Tome-1.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-01/06-politique-vaccinale-Tome-1.pdf

  4. Les sept raisons essentielles - pour que la vaccination reste une priorité dans la Région européenne de l’OMS. :8.

  5. Plan_daction_mondial_pour_les_vaccins.pdf [Internet].[cité 25 mai 2022] Disponible sur: http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/79315/9789242504989_fre.pdf;jsessionid=259DA8EF548245384898C9BB6D3F402B?sequence=1

  6. WHO_IVB_09.10_fre.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/70115/WHO_IVB_09.10_fre.pdf?sequence=1

  7. Vaccins : convaincre et innover pour mieux protéger [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.senat.fr/rap/r06-476/r06-476_mono.html#toc171

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  9. cns18.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/cns18.pdf

  10. OMS | Estimation de l’impact économique de la vaccination dans 73 pays à revenu faible et intermédiaire entre 2001 et 2020 [Internet]. WHO. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.who.int/bulletin/volumes/95/9/16-178475-ab/fr/

  11. VFC | Publication sur les coûts-avantages | Les vaccins | CDC [Internet]. 2018 [cité 25 mai 2022] Disponible sur: https://www.cdc.gov/vaccines/programs/vfc/pubs/methods/index.html

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  13. expcol_1999_vaccinations_06ch.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022] Disponible sur: http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/197/expcol_1999_vaccinations_06ch.pdf?sequence=13

  14. 2014-066R_-_Rapport_DEF.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2014-066R_-_Rapport_DEF.pdf