Grippe

                    

Grippe

                    

GRIPPE SAISONNIERE

               

AGENT PATHOGÈNE
SYMPTÔMES ET GRAVITÉ
EPIDÉMIOLOGIE
IMPACT ECONOMIQUE EN FRANCE
COUVERTURE VACCINALE

                  

AGENT PATHOGÈNE

             

La grippe  est une infection respiratoire aiguë très contagieuse, cosmopolite, due au Myxovirus influenzae non spécifique de l’homme. Il existe 4 types de grippe saisonnière : A, B, C et D. Il n’y a pas d’immunogénicité croisée entre ces différents types viraux :  [2][3]

  • virus grippe source n°8

    Les virus de type A (les plus virulents) se subdivisent en sous-types en fonction de deux de leurs glycoprotéines antigéniques de surface : l’Hémagglutinine (de H1 à H18) et la Neuraminidase (de N1 à N11). Ces sous-types circulent chez de nombreuses espèces animales (canards, poulets, porcs, chevaux…). Les oiseaux aquatiques constituent le réservoir principal des virus de type A. Ce sont les sous-types A (H1N1)pdm09 et A (H3N2) qui circulent actuellement chez l’être humain. [2][5] 

  • Les virus de type B sont divisés en deux principales lignées, appelées les lignées B/Yamagata ou B/Victoria. Ils circulent principalement chez l’homme. [2[5]

  • Les virus de type C sont moins souvent détectés et ne causent que des infections bénignes généralement. Leurs répercussions sur la santé publique sont de moindre importance.

  • Les virus de type D touchent essentiellement le bétail et n’ont pas provoqué jusqu’ici d’infection ni de maladie chez l’homme.

              

La transmission est principalement aérienne par microgouttelettes porteuses du virus lors d'épisodes de toux ou d'éternuement, mais peut également être manuportée par les mains contaminées ou par des objets contaminés. Les personnes infectées restent contagieuses jusqu’à cinq jours après le début des premiers signes (jusqu’à sept jours chez l’enfant). Le taux d’attaque est élevé. [2][3][9][13]

                    

Les épidémies de grippe saisonnière touchent le monde entier. Elles surviennent principalement en hiver (octobre à avril dans l’hémisphère Nord, avril à octobre dans l’hémisphère Sud) dans les climats tempérés (comme en Europe), alors qu’elles apparaissent tout au long de l’année dans les régions tropicales. Ce sont les virus de type A et B qui en sont responsables. [2][3][5]

Les virus de la grippe survivent plus longtemps à l’extérieur de l’organisme lorsque les températures chutent, expliquant leur recrudescence hivernale.|9]

                     

Les virus grippaux présentent des mutations fréquentes. Celles-ci s’effectuent : [5][8][9]

  • Soit par glissement antigénique (“drift”) lors des épidémies saisonnières : il s’agit de mutations provoquant des modifications mineures des hémagglutinines et neuraminidases. Le nouveau variant reste très proche du précédent : ainsi, l’immunité acquise par une ancienne infection grippale protège l’individu contre celle-ci. Cependant, l’accumulation des modifications au cours des années peut déjouer le système immunitaire. Ce phénomène impose le changement des souches vaccinales plus ou moins régulièrement (vaccination annuelle).

  • Soit par cassure (“shift”) responsable de nouveaux virus contre lesquels la population n’est pas protégée et générant des pandémies. Seul le virus de type A, particulièrement variable, est capable de cassure et donc de pandémies (cf onglet pandémies).

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SYMPTÔMES ET GRAVITÉ

                 

Symptômes

La période d’incubation est d’environ 48 heures (1 à 4 jours). Le virus provoque une forte fièvre d’apparition brutale, une asthénie intense, des céphalées, des myalgies et arthralgies. On observe souvent des signes d’irritation laryngo-trachéale, bronchique ou conjonctivale à l’origine d’une toux sèche, une rhinorrhée et des maux de gorge. La fièvre dure trois ou quatre jours et la courbe thermique peut revêtir un aspect diphasique (le "V" grippal). Les formes frustres ou inapparentes sont fréquentes. [2][3][8]

La plupart des symptômes régressent en une semaine sans traitement médical, mais la convalescence peut être longue avec une asthénie et toux persistante (2 à 4 semaines). [3][9]

                  

La grippe se propage facilement notamment dans les lieux très fréquentés : écoles, maisons de retraite, transport en commun. Les épidémies peuvent se traduire par des niveaux élevés d’absentéisme au travail et des pertes de productivité (absentéisme évalué entre 2 et 12 millions de journées de travail en France selon l’intensité des épidémies). Les hôpitaux sont souvent saturés au cours du pic de la maladie. [2][5]

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Gravité

Bien que généralement bénigne, la grippe peut être à l’origine de complications, parfois graves voire mortelles, dues :  [3][9][11][13]

  • au virus lui-même (formes « toxiques ») : pneumonie virale grave provoquant une détresse respiratoire aiguë (virus A chez les sujets jeunes), assez rare.

  • plus souvent aux surinfections bactériennes : otite moyenne aiguë, sinusite, pneumopathie bactérienne grave.

  • à des atteintes extra pulmonaires : encéphalite, myocardite, péricardite

  • à une aggravation d’une maladie chronique déjà existante.

                

Tous les groupes d’âge sont touchés, mais certains groupes sont plus vulnérables. C’est le cas des personnes à risque de complications graves :

  • Les enfants de moins de 5 ans, notamment entre 1 et 12 mois dont le risque de décès est 10 fois plus élevé par rapport aux enfants de 5 ans à 9 ans.  [3]

  • Les femmes enceintes, plus à risque de formes graves ou de décès. L'infection grippale peut aussi entraîner des complications telles que mortinaissance, décès néonatal, prématurité ou faible poids de naissance. [14] 

  • Les personnes âgées (7% d'hospitalisation, 3% de létalité dans les collectivités) [7]

  • Les personnes souffrant d’affections chroniques (cardiopathie, insuffisance rénale, insuffisance hépatique, diabète, insuffisance respiratoire) et ceux souffrant d’immunodépression (VIH, chimiothérapie, corticothérapie, tumeur maligne). [2][3]

Au cours de l'épidémie grippale 2015-2016, 77 % des cas de grippe admis en réanimation étaient des sujets âgés de plus de 65 ans, ou souffrant de pathologie chronique ou des femmes enceintes. Dans les pays en développement, les enfants sont également concernés : 99 % des décès d’enfants de moins de 5 ans associés à la grippe surviennent dans les pays en développement. [2] 

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EPIDÉMIOLOGIE

                

En France

L'agence Santé Publique France coordonne la surveillance de la grippe en France. Les objectifs sont multiples : détection précoce, suivi des épidémies, surveillance des souches en circulation, identification des populations les plus sévèrement touchées par la grippe, évaluation des mesures de contrôle (vaccination). [3][6][11]

L'institut est aidé par un système de surveillance organisé à plusieurs niveaux  :

  • Pour la médecine de ville, les réseaux sentinelles (médecins généralistes et pédiatres) et SOS Médecins.

  • Pour les cas de grippe aux urgences, par le réseau OSCOUR (Organisation de la surveillance coordonnée des urgences) qui couvre plus de 93% des passages aux urgences en France métropolitaine.

  • Pour les formes graves en réanimation, par un signalement auprès des CIRE (Cellule d’Intervention en Région).

  • Pour les cas groupés d’infections respiratoires aiguës basses dans les collectivités de personnes âgées, par le biais d’un signalement à l’ARS (Agence Régional de Santé) ou aux CCLIN (Centre de lutte Contre Les Infections Nosocomiales).

  • Pour les décès : par l’analyse des certificats manuscrits, réalisée par le CépiDC. Mais, le délai d’obtention de ces informations (2 ans) ne permet pas d'utiliser ces données pour le suivi de l’épidémie en cours. L'analyse se fait également par les services de réanimation et les collectivités de personnes âgées.

  • Une surveillance virologique, coordonnée par le Centre national de référence (CNR) des virus Influenzae (abrité par l’institut Pasteur) avec plusieurs laboratoires associés. Elle permet de détecter et d’isoler précisément les virus grippaux en circulation et de déterminer leurs caractéristiques antigéniques et leur sensibilité aux antiviraux.

Ainsi, pendant la saison hivernale, un bulletin hebdomadaire résume les données de ces systèmes de surveillance, disponible sur le site de l’InVS. [3][6]

                

En France métropolitaine, l’épidémie survient entre les mois de novembre et mars et débute le plus fréquemment fin décembre - début janvier. Elle dure en moyenne 9 semaines. [5]

Sur la base des données historiques des épidémies grippales depuis 1984, le réseau Sentinelles estime qu’entre 788 000 et 4.6 millions de personnes consultent pour syndrome grippal lors des épidémies de grippe. On compte en moyenne 9000 décès par an, dont plus de 90% chez des patients âgées de plus de 65 ans. [5][9]

                

En 2021, aucune épidémie de grippe saisonnière n'a été détectée. En métropole, des cas sporadiques de virus grippaux A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B/Victoria ont été détectés. La pandémie de COVID-19 a eu un impact important sur les indicateurs épidémiologiques de la surveillance de la grippe, et plus particulièrement sur la surveillance syndromique. Les différents réseaux ont permis de dénombrer pour la saison 2020-2021 [7] :

  • Le taux de consultations hebdomadaire pour syndrome grippal estimé par le Réseau Sentinelles est resté inférieur à 80/100 000 habitant et a varié de 20/100 000 habitants [IC à 95% 15-25] à 68/100 000 habitants [IC95%: 59-77].

  • La proportion hebdomadaire de syndromes grippaux parmi les consultations de SOS Médecins est restée inférieure à 1% toute la saison.

  • 5 034 passages aux urgences pour syndrome grippal (versus 59 476 saison 2019-2020), dont 490 hospitalisations (10%) (versus 6 164 en 2019-2020).

  • Aucun cas grave de grippe n’a été signalé par les 226 services de réanimation participant à la surveillance sentinelle conjointe des cas graves de grippe et de COVID-19 (versus 890 cas de grippe grave durant la saison précédente 2019-2020).

  • La couverture vaccinale antigrippale définitive pour la saison 2020-2021, des personnes pour lesquelles la vaccination est recommandée, et destinataires d’un bon de prise en charge adressée par l’Assurance maladie, a été estimée à 55,8% (contre 47,8% pour la saison 2019-2020). Elle a été estimée à 59,9% chez les personnes âgées de 65 ans et plus (versus 52,0% 2019-2020).

 

Pour la saison hivernale 2021-22, [7] une grande incertitude demeure sur la survenue d’une épidémie de grippe saisonnière en France. Cela dépendra probablement au moins en partie de la situation épidémiologique en lien avec la COVID-19 et du degré d’adhésion de la population générale aux mesures barrières, très efficaces pour lutter contre les virus grippaux.

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Dans le monde

Différents réseaux de surveillance internationaux sont impliqués dans la surveillance des virus grippaux : l’OMS est au centre, et dispose aujourd'hui de 4 grands Centres Mondiaux de la Grippe (CMG) à Atlanta, Londres, Melbourne et Tokyo. Ces derniers collectent les informations virologiques en provenance de 110 centres nationaux répartis dans 82 pays.

                  

Les épidémies annuelles sont responsables d’environ 3 à 5 millions de cas de maladies graves, et de 290 000 à 650 000 décès par an. La plupart des décès surviennent parmi les personnes âgées de plus de 75 ans, et dans les régions les plus pauvres du monde. C’est en Afrique subsaharienne que le risque de mortalité dû à la grippe est le plus élevé au monde, une région suivie de près par la Méditerranée orientale et par l’Asie du Sud-Est. [2][4][10]

              

Les enfants de moins de 5 ans sont particulièrement touchés. Selon une revue systématique reprise par l'OMS : sur l'année 2008, dans le monde, on a estimé à 90 millions [IC95%: 49-162 millions] le nombre de cas de grippe saisonnière chez les enfants de moins de 5 ans. Parmi eux, on compte environ 20 millions d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures associées à la grippe dont 1-2 millions de cas sévères. Le nombre de décès chez ces enfants a été estimé entre 28 000 et 111 500. La grande majorité des décès dus à la grippe se sont produits dans des pays en développement. [14]

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IMPACT ECONOMIQUE EN FRANCE

                 

Le coût de la grippe en médecine ambulatoire (hors hospitalisation et pertes de production) varie en 230 et 840 millions d'euros. Selon le GEIG (Groupe d'Expertise et d'Information sur la grippe), le "coût direct moyen" d'un cas de grippe traité exclusivement en ambulatoire varie de 28 à 68 euros (selon le terrain). Les pertes de production occasionnées par les arrêts de travail (moyenne de 4.8 jours pour 70 % des adultes grippés salariés) représentent près de la moitié du coût global des épidémies. [11]

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COUVERTURE VACCINALE

                 

En France

Pour la saison hivernale 2019-2020, le taux de couverture vaccinale était de 38,7% chez les moins de 65 ans à risque et de 59,9% chez les personnes âgées de plus de 65 ans, soit un total de 55,8% chez les sujets concernés par la recommandation vaccinale.

Le taux de couverture total avait tendance à diminuer chaque année depuis 2009 (46.0% en 2016-2017 contre 60.9% pour la saison 2009-2010), s’éloignant de l’objectif des 75%, requis pour cette population à risque, fixé par la loi de santé publique de 2004.Cependant, depuis la pandémie de COVID-19, la couverture vaccinale du vaccin contre la grippe a tendance à augmenter. [1][5][12]

               

Dans le monde

En 2005, selon l'OMS, une cinquantaine de pays, industrialisés pour la plupart, ainsi que quelques pays qui connaissent un développement économique rapide offraient la vaccination antigrippale à des groupes à haut risque définis sur le plan national. [15] Cette limitation aux seuls groupes à haut risque peut s'expliquer par des priorités de santé différentes ainsi que par des contraintes budgétaires.

Dans les pays en développement, les groupes à risque sont moins bien caractérisés et les conséquences de la grippe sont mal connues. Pourtant, la pauvreté et la malnutrition (facteurs prédisposant à la grippe) pourraient faire de la grippe un problème de santé publique.

Il n'y a pas de données de couverture vaccinale mondiale disponible.

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=> Voir l'efficacité du vaccin contre la grippe saisonnière

                    

Sources

Littérature grise

  1. Données de couverture vaccinale grippe par groupe d’âge [Internet]. [cité 1 mai 2022]. Disponible sur: https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/vaccination/articles/donnees-de-couverture-vaccinale-grippe-par-groupe-d-age 

  2. OMS | Grippe saisonnière [Internet]. WHO. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs211/fr/

  3. GuideVaccinations2012_Vaccination_contre_la_grippe_saisonniere.pdf [Internet]. [cité 2 févr 2018]. Disponible sur:https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_des_vaccinations_edition_2012.pdf

  4. OMS | Jusqu’à 650 000 décès par an sont dus aux affections respiratoires liées à la grippe saisonnière [Internet]. WHO. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2017/seasonal-flu/fr/

  5. Grippe [Internet]. [cité 1 mai 2022]. Disponible sur: https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe

  6. Surveillance de la grippe en France, saison 201762018 / influenza activity in France, season 2017-2018. :11.

  7. Grippe saisonnière - Ministère des Solidarités et de la Santé [Internet]. [cité 1 mai 2022]. Disponible sur: https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/les-maladies-de-l-hiver/grippe-saisonniere

  8. Grippe saisonnière - MesVaccins.net [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.mesvaccins.net/web/diseases/15-grippe-saisonniere

  9. Grippe [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://vaccination-info-service.fr/Les-maladies-et-leurs-vaccins/Grippe

  10. Grippe [Internet]. Institut Pasteur. 2015 [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/grippe

  11. Groupe d’Expertise et d’Information sur la Grippe [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.grippe-geig.com/index.html

  12. Loi n° 2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique | Legifrance [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000005823063&dateTexte=20100225

  13. ecn-2018-ue6-162-nb.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.infectiologie.com/UserFiles/File/formation/ecn-pilly-2018/ecn-2018-ue6-162-nb.pdf

  14. who-surveillancevaccinepreventable-09-influenza-french-r1.pdf [Internet]. [cité 1 mai 2022]. Disponible sur: https://www.who.int/docs/default-source/immunization/vpd_surveillance/vpd-surveillance-standards-publication/who-surveillancevaccinepreventable-09-influenza-french-r1.pdf?sfvrsn=66b2c1ae_10

  15. Vaccination contre la grippe : recommandations de l’OMS/Europe pour la saison hivernale 2010/2011. :3.

                 

PANDEMIES - GRIPPE PORCINE ET AVIAIRE

                         

LES PANDEMIES GRIPPALES
Historique
Mécanisme de la pandémie
Rôle des réservoirs
Gravité
LA GRIPPE MEXICAINE :  LA PANDÉMIE A(H1N1) DE 2009
LES GRIPPES AVIAIRES RESPONSABLES D'EPIZOOTIES : A (H5N1) ET AUTRES
Les grippes aviaires
La grippe H5N1

                     

LES PANDEMIES GRIPPALES 

                   

La grippe, connue pour son mode de circulation épidémique, peut aussi être à l’origine de pandémie (épidémie qui frappe rapidement un grand nombre de sujets dans un grand nombre de pays). Les pandémies grippales proviennent toujours d’un virus de type A, en raison de sa capacité de variabilité par cassure antigénique. [1][4] 

                   

Historique

On estime en moyenne que 3 pandémies grippales surviennent chaque siècle depuis le XVIe. [3]

Les pandémies les plus connues et récentes sont la grippe espagnole (1918-1920, entre 30 et 100 millions de morts par le virus A (H1N1)), la grippe asiatique (1957-1958, entre 1 et 4 millions de morts par le virus A (H2N2)), la grippe de Hong Kong (1968-1969, 1 à 2 millions de morts dont 40.000 en France par le virus A (H3N2)). C’est ce dernier type de virus grippal A qui circule encore de nos jours, avec des virus B et le virus A (H1N1) réapparu en 2009.

En 2009, le virus A (H1N1)pdm09 a émergé à partir du réservoir animal (porcin) et a provoqué la première pandémie grippale du XXIe siècle, et actuellement dernière en date. Elle a causé entre 2009 et 2010 environ 20.000 morts dans le monde. [1][2][3]

               

Grippe schma pandmies

                

Les pandémies surviennent régulièrement et rentrent dans le cycle normal du virus chez l’homme. En effet, quand un nouveau virus grippal touche l’homme, une pandémie démarre car la population est peu ou non protégée contre ce nouveau virus. Celui-ci prend généralement la place du virus qui était jusqu’alors responsable des grippes saisonnières, générant chaque année une épidémie hivernale et ce, jusqu’à la pandémie suivante.

C’est ainsi que le virus A(H1N1), responsable de la pandémie de 1918 a circulé chez l’homme jusqu’en 1957-58 où il a été remplacé, lors de la grippe asiatique, par le virus A(H2N2). Pendant 10 ans, ce dernier a été responsable des grippes saisonnières jusqu'à la pandémie de 1968 (Grippe de Hong Kong) où le virus A(H3N2) l'a remplacé. En 1977, une réémergence du virus A(H1N1) a été observée (Grippe russe) et le virus a co-circulé avec le virus A(H3N2). Après la dernière pandémie de 2009, le virus A(H1N1)pdm09 a totalement remplacé le virus A(H1N1) précédent.[8]

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Mécanisme de la pandémie [2][3]

Les épidémies chez l’homme (Virus de type A et B) proviennent de mutations par glissement antigénique.

En revanche, les pandémies proviennent généralement d'une cassure antigénique d'un virus de type A. Cette cassure correspond à un réassortiment génétique, c'est à dire, l'échange de segment de gènes qui se fait lorsqu'une cellule est infectée simultanément par 2 virus différents. Cette cassure va modifier le sous-type HA ou NA du virus grippal. Ainsi, l'immunité acquise précédemment (via l'infection ou la vaccination) va se retrouver inefficace face à ce nouveau virus grippal, qui pourra être responsable d'une pandémie.

Ce mécanisme est impliqué dans les pandémies de 1957 (Grippe asiatique), 1968 (Grippe Hong Kong) et 2009 (Grippe Mexicaine).

Ces réassortiments sont favorisés par l'intervention d'un hôte intermédiaire comme le porc et par la promiscuité Homme-animal (expliquant pourquoi les pandémies naissent souvent en Extrême-Orient où la population vit en contact étroit avec les animaux).

                    

Les conditions nécessaires à la naissance d'une pandémie sont : 

  • L'apparition d'un nouveau sous-type grippal dans une population non immunisée

  • Une réplication du virus efficace chez l'homme

  • Une transmission interhumaine

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Rôle des réservoirs

Les virus grippaux de type A circulent de façon permanente chez différentes espèces animales : les mammifères terrestres (Homme, porc, cheval), les mammifères marins et l'espèce aviaire. Cette dernière, et plus particulièrement les oiseaux aquatiques, constituent le réservoir principal. Ils peuvent contaminer, via leurs déjections, de nombreuses espèces qui constituent alors les hôtes du virus.  [2]

Le porc joue un rôle particulièrement important dans les pandémies. En effet, la présence de certains récepteurs au niveau de son épithélium respiratoire le rend sensible aux virus aviaires et humains. Cette particularité favorise les co-infections et donc les réassortiments génétiques à l'origine de pandémies. Ceci est favorisé en cas d'élevage mixte (aviaire et porcin) et en cas de promiscuité Homme-animal. [2]

                    

Gravité

Au cours d’une épidémie, environ 10% de la population mondiale est infectée par la grippe (5% des adultes et 20 % d'enfants) contre plus de 30% dans les pandémies. [4]

Contrairement aux épidémies courantes, les pandémies sont à l’origine de complications graves le plus souvent chez les adultes jeunes en bonne santé, en plus d’atteindre les personnes à risque. On observe de ce fait beaucoup plus de cas de pneumonies virales et la proportion de cas graves est plus importante. [3][5]

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LA GRIPPE MEXICAINE :  LA PANDÉMIE A(H1N1) DE 2009

                         

Le virus A (H1N1)pdm09 est apparu en 2009. Il résulte d'un triple assortiment entre les virus grippaux humains, porcins (porc nord-américain et porc euro-asiatique) et aviaire. C'est le porc qui a transmis le nouveau virus grippal à l'homme. [3]

                

Le virus a diffusé rapidement à l’ensemble du monde dans les mois qui ont suivi son apparition et l’OMS a qualifié la situation de pandémie en juin 2009. Les épidémies qu’il a provoquées ont souvent débuté avant la période habituelle des épidémies grippales. Les symptômes de la maladie étaient similaires à la grippe saisonnière, mais le virus a provoqué des formes compliquées chez l’adulte jeune et les enfants, notamment des pneumonies virales nécessitant une prise en charge lourde en réanimation. Les femmes enceintes et personnes souffrant d’obésité ont présenté un risque accru de faire des formes graves. Les personnes âgées avaient un risque de décès beaucoup plus élevé lorsqu’elles étaient infectées, mais contrairement aux jeunes adultes, elles ont bénéficié d’une protection issue des grippes anciennes. [6]

                         

Alors qu’il était attendu 2 à 7 fois plus de cas et entre 6000 à 20 000 décès en France, le bilan est semblable aux épidémies saisonnières : 3.5 millions de consultations pour syndromes grippaux, 1334 cas graves et 312 décès ont été signalés sur la saison 2009-2010. Dans le monde, la pandémie a été responsable de 20 000 décès. Plusieurs facteurs expliquent un bilan plus faible qu’attendu :[7]

  • La stabilité du virus, qui a engendré une seule vague d'épidémie (contrairement aux estimations qui comprenaient plusieurs vagues d'infections).

  • L'immunisation acquise lors du contact avec d'autres virus grippaux lors des anciennes épidémies saisonnières.

  • Une proportion importante d'infection asymptomatique pour le virus A(H1N1)pdm09.

Les enfants et adultes présentaient en revanche un taux de décès beaucoup plus élevé que lors des grippes saisonnières[1][6][7]

                   

L’OMS a déclaré la phase post-pandémique en août 2010.

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LES GRIPPES AVIAIRES RESPONSABLEs D'EPIZOOTIES : A (H5N1) et autres

                             

L'influenza aviaire 

Il circule naturellement chez les oiseaux aquatiques qui ne sont pas malades. Leur transmission aux oiseaux domestiques (ex : poulet) va entraîner des maladies. On distingue les virus faiblement pathogènes et les virus hautement pathogènes (ex : A H5N1). 

                 

Les épizooties

Une épizootie est une maladie affectant brutalement un grand nombre d'animaux dans une région donnée.

                   

Les grippes aviaires

Elles proviennent de la transmission directe de virus grippaux aviaires à l'Homme. Contrairement aux pandémies, il n'y a pas de réassortiment génétique et le porc n'intervient pas dans la transmission. Du fait de l'absence de réassortiment génétique, le virus aviaire se réplique mal chez l'homme et la transmission interhumaine est faible. Quand elle a lieu, le nombre de cas est limité et s'arrête rapidemment.[8]

4 sous-types aviaires, responsables d'épizooties, ont été transmis directement à l'Homme : 

  • A (H5N1), isolé chez l'Homme à Hong Kong en 1997 (appelé la "grippe du poulet")

  • A (H9N2), isolé chez l'Homme à Hong Kong en 1999

  • A (H7N7), isolé chez l'Homme en 2003 aux Pays-Bas

  • A (H7N9), isolé en 2013 en Chine

                  

Les sous types H5N1, H9N2 et H7N7 ont une transmission interhumaine très limitée et se répliquent difficilement chez l'Homme. Ces sous-types ont franchi la barrière de l'espèce mais ne sont pas responsables d'épidémie (notamment grâce à l'absence de réassortiment avec des virus humains). Pour éviter ce risque de réassortiment, plusieurs mesures sanitaires ont été mises en place : la surveillance des zones à risque, l'abbatage de ces espèces aviaires, la mise en quarantaine des patients, la vaccination du personnel des filières agricoles touchées par l'influenzae aviaire, etc.

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La grippe H5N1

Parmi les virus grippaux aviaires, le plus préoccupant pour la santé humaine est le virus H5N1. Cet influenzae aviaire a franchi la barrière de l'espèce à 3 reprises (1997, 2003 et depuis 2004).

“La grippe du poulet” A (H5N1), survenue à Hong-Kong en 1997, est le premier épisode documenté de transmission directe de l'espèce aviaire à l'Homme. Une première épidémie sévit en 1997 avec 18 cas et 6 décès. Un deuxième épisode de transmission à l'Homme est documenté en 2003 avec 2 cas et 1 décès. Fin 2003, ce virus a provoqué une épizootie (épidémie animale) chez les oiseaux (notamment poulets et dindes) qui s’est rapidement propagée à plusieurs pays d’Asie, avant de gagner l’Europe en 2005 puis l'Afrique en 2006, probablement transmis par des oiseaux migrateurs. Chez les volailles, la grippe aviaire est hautement transmissible et grave, avec un taux de létalité proche de 100% en 48h. [3]

Depuis 2003, l'OMS a recensé 860 cas et 454 décès soit une létalité proche de 50% (chiffres du 25 janvier 2018). Les 3 pays les plus touchés sont l'Égypte (359 cas et 120 décès), l'Indonésie (200 cas et 168 décès) et le Vietnam (127 cas et 64 décès). [10]

                     

Aujourd’hui, le virus H5N1 ne fait pas l’objet d’une transmission interhumaine efficace. Le principal risque est qu'il acquiert les caractéristiques nécessaires pour déclencher une pandémie :

  • Soit par réassortiment génétique lors d'une co-infection d'un sujet humain ou du porc

  • Soit par mutations adaptatives : le virus va améliorer ses capacités au fils des infections successives de sujets humains. [11]

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Sources

Littérature grise
  1. Grippe saisonnière - MesVaccins.net [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.mesvaccins.net/web/diseases/15-grippe-saisonniere

  2. Grippe [Internet]. Institut Pasteur. 2015 [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/grippe

  3. Groupe d’Expertise et d’Information sur la Grippe [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.grippe-geig.com/index.html

  4. ecn-2018-ue6-162-nb.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.infectiologie.com/UserFiles/File/formation/ecn-pilly-2018/ecn-2018-ue6-162-nb.pdf

  5. Huit choses à connaître sur la grippe pandémique [Internet]. [cité 1 mai 2022]. Disponible sur: https://www.who.int/fr/news-room/feature-stories/detail/8-things-to-know-about-pandemic-influenza

  6. Point sur les connaissances / Pandémie A(H1N1)2009 : archives / Grippe / Maladies à prévention vaccinale / Maladies infectieuses / Dossiers thématiques / Accueil [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur:   file:///D:/Users/legra/Downloads/82746_9719-ps%20(2).pdf

  7. beh_24_25_26_2010.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2010/24_25_26/beh_24_25_26_2010.pdf

  8. Grippe [Internet]. [cité 1 mai 2022]. Disponible sur: https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/grippe

  9. Grippe aviaire [Internet]. [cité 1 mai 2022]. Disponible sur: https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-transmissibles-de-l-animal-a-l-homme/grippe-aviaire

  10. Cumulative number of confirmed human cases for avian influenza A(H5N1) reported to WHO, 2003-2021, 15 April 2021 [Internet]. [cité 1 mai 2022]. Disponible sur: https://www.who.int/publications/m/item/cumulative-number-of-confirmed-human-cases-for-avian-influenza-a(h5n1)-reported-to-who-2003-2021-15-april-2021

  11. Grippe aviaire et autres grippes zoonotiques [Internet]. [cité 1 mai 2022]. Disponible sur:     https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/influenza-(avian-and-other-zoonotic)