Méningocoque

                         

AGENT PATHOGÈNE
SYMPTÔMES ET GRAVITÉ
EPIDÉMIOLOGIE
COUVERTURE VACCINALE

                     

AGENT PATHOGÈNE

              

Le méningocoque (Neisseria Meningitidis) est une bactérie exclusivement humaine et commensale du rhinopharynx. Il est responsable de près de la moitié des méningites bactériennes de l’enfant de 0 à 18 ans. La capsule polyosidique du méningocoque détermine le sérogroupe et parmi les douze sérogroupes décrits, les souches des sérogroupes B (54%), C (16%), Y (13%) et W135 (17%) sont les plus fréquentes en France en 2018/2019. La fréquence des sérogroupes varie en fonction de l’année, de la couverture vaccinale et des régions du monde : par exemple le sérogroupe A est lui principalement retrouvé en Afrique subsaharienne (au niveau de la "ceinture méningitique").

Le méningocoque est un germe très fragile qui ne survit pas dans le milieu extérieur. La transmission du méningocoque se fait par les sécrétions rhino-pharyngées, par suite d’un contact proche (< 1m) et prolongé. La période d'incubation varie de 2 à 10 jours. Elle correspond également à la période de contagiosité du patient, et ce jusqu'à la première administration parentérale d'un antibiotique efficace.  [1][4]

  

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SYMPTÔMES ET GRAVITÉ

           

L’acquisition d’un méningocoque et la colonisation du rhinopharynx (5-10% de la population générale est porteur asymptomatique) sont rarement suivies d’une Infection Invasive à Méningocoque (IIM). Cependant, certains facteurs (virulence de la souche, altération des défenses immunitaires, altération post-grippale de la muqueuse respiratoire, infection ORL locale : angine, otite, sinusite...) peuvent en être responsables : la bactérie peut alors se disséminer dans le sang et passer la barrière hémato-encéphalique.

Les personnes les plus touchées sont les nourrissons de moins de 1 an, les enfants de 1 à 4 ans et les adolescents et jeunes adultes de 15 à 24 ans. [6]

Les infections invasives à méningocoque (IIM) se manifestent sous deux formes principales  [1][2][4]:

  • Une méningite : avec un taux de létalité de 10% et des séquelles neurologiques (notamment un risque de surdité) dans 10 à 20% des cas.

  • Ou une méningococcémie, pouvant se compliquer d’un choc septique et réaliser un tableau de purpura fulminans. Il représente 23% des IIM. La létalité varie de 20 à 30%.

D’autres formes cliniques plus rares existent : arthrites, péricardites, pleurésies, pneumonies invasives.

La létalité calculée en France depuis 2013 oscille entre 9 et 12% (55 décès en 2019) et varie selon le sérotype : 7 % pour les IIM de sérogroupe B, 13 % pour les IIM de sérogroupe C et 8% pour les IIM de sérogroupe Y. La létalité des IIM W était significativement plus élevée que la létalité observée pour les autres sérogroupes : 15 à 30%. Le taux de létalité pourrait atteindre 50% en cas d’absence de traitement.[4][7]

 

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EPIDEMIOLOGIE

            

Les infections invasives à méningocoque sont à déclaration obligatoire (à l’ARS) et la caractérisation des souches invasives est assurée par le Centre National de Référence des méningocoques (Institut Pasteur Paris).

Les méningocoques fonctionnent sur un mode endémique (présence constante de la maladie dans une zone géographique précise). Les IIM surviennent la plupart du temps de manière sporadique et sont dues à des génotypes différents. Cependant, des épidémies peuvent survenir au sein des collectivités liées à des souches donnant des clones particuliers ayant une capacité de dissémination plus marquée que les souches endémiques. [4]

            

En France

Depuis une vingtaine d’années, l’incidence annuelle des IIM se situe entre 1 et 2 cas pour 100 000 habitants. Le sérogroupe B est prédominant (54% des cas) avec cependant une proportion qui diminue d’années en année en faveur des autres sérotypes, notamment le sérotype W en seconde place (17% des cas), dont la létalité est plus élevée. [4]

 

[4]

En 2019, on relève 459 cas d’IIM, soit 0.69/100 000 hab. Après correction pour la sous-déclaration, le taux est estimé à 0,76 / 100 000 habitants. 

Les taux de notification par année d’âge montrent 3 pics (exemple en 2019) :

  • Chez les enfants de moins de 4 ans, avec respectivement : 

    • Chez les enfants de moins de 1 an 65 cas, soit 9,1 cas / 100 000 habitants de méningite tout sérogroupe.

    • Chez les enfants âgés de 1 à 4 ans 62 cas, soit 2,0 cas / 100 000 habitants de méningite tout sérogroupe.

  • Chez les jeunes adultes âgés de 15 à 24 ans 93 cas, soit 1,2 cas / 100 000 habitants de méningite tout sérogroupe.

  • Chez les personnes âgées de 90 ans et plus 15 cas, soit 1,9 / 100 000 habitants de méningite tout sérogroupe. En effet, la proportion de cas d’IIM chez les plus de 60 ans est passée de moins de 10% avant 2010, à plus de 20% depuis 2017.

On constate une saisonnalité des IIM, le pic annuel en France étant généralement observé en février ou mars. [4][9]

La fréquence des souches invasives C connaît d'importantes fluctuations cycliques : un pic d’incidence est survenu en 1992 puis un second en 2002, année au cours de laquelle le taux d’incidence a atteint 0.50/100 000. Le taux d’incidence des IIM C est en baisse depuis le dernier pic en 2013. [4][9]

 

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Dans le monde    

Le sérogroupe A est à l’origine d’épidémies touchant des centaines de milliers de personnes dans la « ceinture africaine de la méningite ».

Le sérogroupe B, qui provoque généralement des cas sporadiques, est prédominant en Europe et en Amérique.

Le sérogroupe C est à l’origine de petites bouffées épidémiques - non seulement en Amérique ou en Europe mais aussi en Asie.

Les sérogroupes Y et W135 étaient principalement isolés dans certains pays d’Afrique. Entre 2013 et 2017, l’incidence des IIM à sérotype W a augmenté dans certains pays européens, atteignant 0,37/100 000 habitants en Angleterre en 2015 et 0,47/100 000 habitants en 2017 aux Pays-Bas, qui ont modifié leur calendrier vaccinal pour y ajouter une dose de vaccin ACWY. [8][10]

 

Le continent le plus affecté est l'Afrique, et plus particulièrement 26 pays allant de l’Éthiopie à l’Est au Sénégal à l’Ouest. Ils constituent la « ceinture de la méningite » :

  • De 1991 à 2010 : 1 million de méningites ont été rapportées dont 100 000 décès.

  • En 2009 (avant les campagnes de vaccination contre le méningocoque A) : on comptait 80 000 cas dont plus de 80% dus au sérogroupe A et responsables d’environ 4 000 décès.

  • En 2014 (après le début des vaccinations) : 11 908 cas suspectés, dont 1146 décès dans 19 pays africains ayant mis en place une surveillance renforcée, ont été rapportés.

  • En 2021, la moitié des 26 pays de la « ceinture de la méningite » avait introduit la vaccination contre le méningocoque de sérotype A et la quasi-totalité des pays avaient mené des campagnes de prévention. Ainsi, dans les populations vaccinées, l’incidence de la méningite du sérogroupe A a diminué de plus de 99 % et aucune infection de sérotype A n’a été reportée depuis 2017.

  Dans les pays industrialisés, l’incidence annuelle des infections à méningocoque est de 1 à 3 cas pour 100 000 habitants. [5]

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COUVERTURE VACCINALE

            

En France

Au 31 décembre 2020, la couverture vaccinale contre le méningocoque C était estimée à 89,9%% chez les 24 mois, 75.5 % chez les 5-9 ans, 59,2% chez les 9-14 ans, 37.8% chez les 15-19 ans, 23.6% chez les 20-25 ans. Ces chiffres sont en augmentation constante depuis 2011.  [3]

                     

Dans le monde 

Pas de donnée disponible mondiale du fait de politiques vaccinales différentes selon les continents. Concernant la région africaine à risque : en 2015, 217 millions de personnes avaient été vaccinées par le vaccin antiméningococcique A conjugué dans 15 pays. [8]

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         => Voir l'efficacité du vaccin contre le méningocoque

                                      

Sources

Littérature grise

  1.  Institut Pasteur [Internet]. La maladie - Recommandations CNR Méningocoques et haemophilus influenzae ; [cité le 27 mai 2022]. Disponible : https://www.pasteur.fr/fr/sante-publique/CNR/les-cnr/meningocoques-haemophilus-influenzae/la-maladie-recommandations

  2. Accueil [Internet]. Situation épidémiologique des infections invasives à méningocoque du sérogroupe W en France. Point au 30 juin 2019 ; [cité le 27 mai 2022]. Disponible : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-prevention-vaccinale/infections-invasives-a-meningocoque/documents/bulletin-national2/situation-epidemiologique-des-infections-invasives-a-meningocoque-du-serogroupe-w-en-france.-point-au-30-juin-2019

  3. Accueil [Internet]. Données de couverture vaccinale méningocoque C par groupe d'âge ; [cité le 27 mai 2022]. Disponible : https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/vaccination/articles/donnees-de-couverture-vaccinale-meningocoque-c-par-groupe-d-age

  4. Accueil [Internet]. Les infections invasives à méningocoque en France en 2019 ; [cité le 27 mai 2022]. Disponible : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-prevention-vaccinale/infections-invasives-a-meningocoque/documents/bulletin-national2/les-infections-invasives-a-meningocoque-en-france-en-2019

  5. Méningites à méningocoques [Internet]. Institut Pasteur. 2015 [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/meningites-meningocoques

  6. Méningites et septicémies à méningocoque [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://vaccination-info-service.fr/Les-maladies-et-leurs-vaccins/meningites-et-septicemies-a-meningocoque

  7. Number of suspected meningitis cases reported [Internet]. [cité 24 avr 2022]. Disponible sur: https://www.who.int/data/gho/data/themes/topics/indicator-groups/indicator-group-details/GHO/number-of-suspected-meningitis-cases-reported

  8. OMS | Méningite à méningocoques [Internet]. WHO. [cité 24 oct 2017]. Disponible sur: http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs141/fr/

  9. Méningocoque C - MesVaccins.net [Internet]. [cité 24 oct 2017]. Disponible sur: https://www.mesvaccins.net/web/diseases/43-meningocoque-c

  10. Stuart J. Defeating meningitis by 2030: :68.