Infections Invasives à Pneumocoque
LE PATHOGÈNE
SYMPTÔMES ET GRAVITÉ
EPIDÉMIOLOGIE
COUVERTURE VACCINALE
Le pathogène
Streptococcus Pneumoniae est un germe commensal du rhino-pharynx, surtout chez l’enfant. Il se transmet par voie aérienne, par contact direct et étroit avec une personne infectée ou porteuse. Le principal réservoir est représenté par les nourrissons et les enfants. Les cas sont le plus souvent sporadiques, mais des flambées épidémiques peuvent éclater au sein de populations confinées.[9] Les infections à pneumocoques surviennent préférentiellement en hiver et au début du printemps. [7]
La capsule polyosidique du pneumocoque est un facteur de virulence. En fonction de la composition de cette capsule, on peut définir plus de 90 sérotypes pneumococciques distincts. Cependant, seuls quelques sérotypes sont responsables de la majorité des infections. Avant la mise en place de la vaccination, seuls 6 à 11 sérotypes étaient responsables de 70% des infections invasives à pneumocoque. En général, l’immunité consécutive à une infection est spécifique du sérotype en cause, mais on peut observer une protection croisée entre sérotypes apparentés.[9]
Symptômes et gravité
Le pneumocoque est responsable de plusieurs tableaux cliniques : [2], [9]
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Les otites à pneumocoque surviennent principalement entre 6 mois et 3 ans (au moins 30 % des otites seraient dues au pneumocoque).
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Les sinusites aiguës de l’adulte : le pneumocoque est retrouvé dans 25 % des cas.
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Les infections respiratoires basses : le pneumocoque est la première cause de pneumopathie bactérienne communautaire, responsable de la pneumopathie franche lobaire aiguë. Le risque d’infection pulmonaire augmente régulièrement dès l’âge de 40 ans et est particulièrement élevé chez les patients âgés. La létalité est évaluée entre 5 et 15 % et est plus élevée dans les pneumopathies bactériémiques ou chez les sujets âgés où la mortalité peut atteindre 30 %.
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Les méningites : le pneumocoque est à l’origine de près de la moitié des méningites bactériennes tous âges confondus (depuis la diminution des méningites à Haemophilus B) ; il est la première cause avant l’âge de 1 an et chez l'adulte. La mortalité est estimée entre 10 et 15%, mais peut atteindre jusqu'à 50% dans les pays en développement. En cas de rétablissement, la fréquence des séquelles neurologiques de longue durée est estimée à près de 30 %.
Les facteurs de risque d'infection sévère à pneumocoque sont : [2], [9]
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Chez le nourrisson et le jeune enfant, les carences nutritionnelles, l’absence d’une alimentation au sein exclusive, la pollution intérieure.
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Les pathologies chroniques, notamment respiratoire ou cardiaque, le diabète, l’éthylisme chronique, le tabagisme.
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Un facteur de risque majeur est l'immunodépression, par exemple en cas de splénectomie, drépanocytose, VIH ou cancer.
On parle d'infections invasives quand la bactérie touche un site normalement stérile : sang (bactériémie), méninge (méningite) et articulation (arthrite). [3]
Épidémiologie
En France
En France, les infections pneumococciques sont surveillées par le Centre national de référence des pneumocoques (CNRP), le réseau de laboratoire Epibac et un réseau de pédiatres hospitaliers.[2]
Depuis 2015, le pneumocoque est responsable d’environ 3500 cas d’infections bactériémiques et 350 cas de méningites à pneumocoque. L’incidence de ces infections est particulièrement élevée chez les jeunes enfants et les personnes âgées. [11]
Après l'introduction de la vaccination anti-pneumococcique, on constate une diminution des infections liées aux sérotypes vaccinaux. Cependant, la diminution de l’incidence tous sérotypes confondus reste modérée. C’est cet effet de remplacement des sérotypes responsables des infections invasives qui a motivé le changement de vaccin en 2010 (vaccin conjugué à 13 valences chez l'enfant de < 2 ans, contre 7 valences précédemment).[2][3][5][11]
L'incidence des infections invasives à pneumocoque en 2019 :[3][10]
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Méningites : 7,1/100 000 enfants de 0 à 23 mois ; 1,1/100 000 pour les adultes ≥ 65 ans et 1,1/100 000 tous âges confondus.
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Bactériémies : 17,1/100 000 enfants de 0 à 23 mois ; 25,6/100 000 pour les adultes ≥ 65 ans et 9,4/100 000 tous âges confondus.
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Total des infections invasives : 24,3/100 000 enfants de 0 à 23 mois ; 25,6/100 000 pour les adultes ≥ 65 ans et 10,5/100 000 tous âges confondus.
Dans le monde
C’est l’une des premières causes de décès chez l’enfant dans les pays en développement. Dans les pays industrialisés, le pneumocoque constitue la première cause de méningite bactérienne chez l’enfant de moins de 1 an.[2] Dans le monde, en moyenne, plus de 80% des méningites et 75% des cas d'infections invasives à pneumocoque (IIP) se produisent chez des enfants de <2 ans .[9]
L'Organisation mondiale de la santé estime que les infections à pneumocoque seraient responsables de 5% des décès chez les enfants de moins de 5 ans, soit environ 300 000 décès par an, auxquels s’ajoutent près de 25 000 décès parmi les enfants co-infectés par le VIH.
Chez les adultes de plus de 50 ans, l’OMS estime qu’en 2017, les infections respiratoires imputables à Streptococcus pneumoniae étaient responsables de près de 700 000 décès et 10 000 dus aux méningites.[10]
L’apparition d’une résistance des pneumocoques aux antibiotiques d’usage courant pose des problèmes dans certaines régions du monde. Toutefois, à la suite de la mise en place de la vaccination anti-pneumococcique à grande échelle, il est observé une réduction de la circulation des souches pharmaco-résistantes. [10]
Couverture vaccinale
En France
En France, en 2018, la couverture vaccinale pour 3 doses à 24 mois est de 92,4 %.Pour la cohorte de nourrissons nés au premier trimestre 2020, 99,7% des enfants de 8 mois avait reçu au moins 1 dose de vaccin contre le pneumocoque.[8]
Dans le monde
Fin 2019, la couverture vaccinale mondiale est estimée à 48% pour 3 doses. Le vaccin antipneumococcique était inclus dans le calendrier vaccinal de 149 pays.[1], [6]
=> Voir l'efficacité du vaccin contre le pneumocoque
Sources
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gs_gloprofile.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/242287/WER8947_517-522.PDF?sequence=1
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Guide_des_vaccinations_edition_2012.pdf [Internet]. [cité 24 avr 2022]. Disponible sur: https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_des_vaccinations_edition_2012.pdf
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Infections à pneumocoques : données annuelles 2019 [Internet]. [cité 24 avr 2022]. Disponible sur: https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/infections-a-pneumocoques-donnees-annuelles-2019
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SPF. Infections invasives à pneumocoques : impact de la vaccination par le vaccin pneumococcique conjugué 13-valent (VPC13). Bilan 2019. [Internet]. [cité 24 avr 2022]. Disponible sur: https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infections-a-pneumocoque/documents/bulletin-national/infections-invasives-a-pneumocoques-impact-de-la-vaccination-par-le-vaccin-pneumococcique-conjugue-13-valent-vpc13-.-bilan-2019
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méningites, pneumonies et septicémies à pneumocoque [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://vaccination-info-service.fr/Les-maladies-et-leurs-vaccins/meningites-pneumonies-et-septicemies-a-pneumocoque
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Pneumococcal conjugate vaccines: WHO position paper [Internet]. [cité 24 avr 2022]. Disponible sur: https://www.who.int/publications/i/item/10665-310968
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ABCs | Bacterial Surveillance | Trends by Serotype Group, 1998–2015 | CDC [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.cdc.gov/abcs/reports-findings/survreports/spneu-types.html
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Pneumocoque / Données / Couverture vaccinale / Maladies à prévention vaccinale / Maladies infectieuses / Dossiers thématiques / Accueil [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infections-a-pneumocoque
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wer8714.pdf [Internet]. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: file:///D:/Users/legra/Downloads/who-surveillancevaccinepreventable-17-pneumococcus-french-r1.pdf
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WHO | Estimated Hib and pneumococcal deaths for children under 5 years of age, 2008 [Internet]. WHO. [cité 25 mai 2022]. Disponible sur: http://www.emro.who.int/fr/health-topics/haemophilus-influenzae-type-b/disease-burden.html
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Varon E. Rapport d’activité 2020. :84.